Fluide et généralement sans accroc, l'ère du haut et du très haut débit fait parfois oublier les débuts de l'internet, lorsque des heures pouvaient être nécessaires au transfert de larges quantités de données (au hasard, un Divx), que les modems hululaient d'étranges bruits à l'allumage, que maman hurlait pour récupérer la ligne alors que nous étions en pleine discussion avec l'amour de notre vie du jour sur IRC.
Fluide et généralement sans accroc, la connexion de Klaus-Peter Kappest, photographe pour le magazine Woll, ne l'est pas –et c'est souvent le cas en Allemagne, dans certains coins, les infrastructures modernes ont du mal à se mettre en place.
Habitant à Schmallenberg-Oberkirchen, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Klaus-Peter Kappest était particulièrement excédé de voir traîner dans son garage un câble de fibre optique en bonne et dûe forme, mais de ne pas réussir, depuis des mois, à obtenir qu'un technicien de Deutsche Telekom ne vienne effectuer les branchements finaux et le sauver de ses lenteurs informatiques.
À data sur mon cheval
Or, le photographe devait envoyer 4,5 gigaoctets de photos chez un imprimeur, situé à quelques encablures –une dizaine de kilomètres tout au plus– de chez lui.
Lui est alors venue à l'esprit la très drôle d'idée de les envoyer à la fois via son poussif réseau, par WeTransfer, et à dos de cheval, stockés sur des DVD et confiés à des cavaliers amateurs.
Grand seigneur, le photographe a donné 20 minutes d'avance aux fils de cuivre pour leur donner toute leur chance face aux trotinnants équidés. Les chevaux étaient de retour à l'écurie, mission fièrement accomplie, alors que les fichiers n'avaient pas encore terminé de slalomer sur les câbles lents du réseau local.
Un signe pour le retour en grâce, dans certaines zones blanches, de la bonne vieille diligence?