Le meilleur institut de recherche en micro-électronique au monde ne se trouve pas aux États-Unis, en Chine ou au Japon, mais à Louvain en Belgique, à une poignée de kilomètres de Bruxelles.
À l'IMEC (Institut de micro-électronique et composants), 4.500 employés de dizaines de nationalités différentes mènent notamment des recherches sur les semi-conducteurs, un sujet qui depuis quelques années passionne toutes les grandes puissances mondiales.
«Nous n'avons jamais autant été sous les feux des projecteurs qu'aujourd'hui», admet dans Bloomberg le directeur général de l'IMEC, Luc Van den Hove. «Nous avons reçu plus d'attention de la part des politiciens locaux, européens ou américains que jamais auparavant.»
Et pour cause: les puces électroniques sont devenues un enjeu central des stratégies industrielles du monde entier. La pénurie engendrée par la crise du Covid-19 a dans le même temps révélé leur omniprésence dans l'industrie moderne et à quel point leur production est concentrée, surtout à Taïwan et avec un apport technologique précieux des Pays-Bas.
Pour l'IMEC, ce soudain regain d'intérêt pour son secteur d'activité est à la fois un bienfait et une calamité. D'un côté, l'industrie est prise dans un cycle de croissance comme elle n'en a jamais connu. Mais de l'autre, tout le monde veut une part du gâteau –et est prêt à tout pour y arriver.
Bons baisers de Louvain
La Commission européenne consulte en ce moment l'IMEC à propos de son ambition de produire des puces sur le continent; une délégation sud-coréenne a visité l'institut en juillet 2020; le Premier ministre chinois Li Keqiang a lui aussi effectué une visite en 2018.
L'IMEC assure qu'être ainsi au centre des intérêts géopolitiques des plus grandes puissances mondiales n'a pas de conséquences négatives sur ses activités. Dans le même temps, Van den Hove admet pourtant devoir «être réaliste et faire face au fait que les tensions géopolitiques augmentent en ce moment».
En plus des régulations d'exports imposées par Washington, l'institut doit gérer les tentatives d'espionnage. En 2018, un chercheur chinois a ainsi été expulsé par les autorités belges, car soupçonné d'avoir étudié la firme d'un peu trop près.
«Ce n'était pas le premier cas, nous avons eu d'autres personnes qui ne respectaient pas notre code de conduite et nos valeurs», précise à Bloomberg le directeur de l'institut. Et la Chine n'est pas la seule impliquée: sans entrer dans les détails, Van den Hove affirme que des citoyens d'autres nations ont eux aussi été pris la main dans le sac.