Depuis le tremblement de terre de mars 2011 qui a entraîné la fusion partielle de trois réacteurs de la centrale de Fukushima, plus de 1,25 million de tonnes d'eau radioactive s'est accumulé dans le complexe, issu du refroidissement du combustible fondu et du ruissellement de l'eau de pluie et de l'eau souterraine.
Aujourd'hui, il y a urgence: au rythme actuel, les limites de capacité de stockage seront atteintes dès l'automne 2022, selon Tepco, la compagnie en charge de l'exploitation de la centrale.
En avril, malgré les protestations des pêcheurs et de défenseurs de l'environnement, Tepco avait déjà décidé de rejeter une partie de l'eau contaminée en la diluant auparavant pour réduire sa concentration en tritium.
Désormais, il veut creuser un tunnel d'un kilomètre de long et de 2,5 mètres de diamètre pour évacuer l'eau vers un endroit éloigné des zones de pêche, rapporte le quotidien japonais Mainichi. Le tunnel, qui devrait être opérationnel au printemps 2023, permettra aussi d'empêcher l'eau évacuée de revenir vers la côte, assure le directeur de la filiale de Tepco chargé du démantèlement.
Minimisation des risques
L'exploitant assure que l'eau radioactive subira une décontamination chimique qui élimine la plupart des matières radioactives, y compris le strontium et le césium, mais qui laisse derrière lui le tritium, une matière peu dangereuse à de faibles concentrations.
L'eau traitée sera ensuite encore diluée avec une grande quantité d'eau de mer afin de réduire sa concentration de tritium à moins de 1.500 becquerels par litre. À titre de comparaison, la concentration maximum en tritium dans l'eau potable recommandée par l'OMS est de 10.000 becquerels par litre. Toutes les centrales nucléaires rejettent d'ailleurs en permanence de faibles concentrations de tritium dans l'environnement.
«À mes yeux, le danger est extrêmement faible car [les rejets] sont même inférieurs à ceux d'avant la catastrophe», confirme Jean-Christophe Gariel, directeur général adjoint à l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) en charge de l'environnement et de la santé, interrogé par La Croix.
Selon la plupart des spécialistes, relâcher l'eau contaminée dans l'océan est la moins mauvaise des solutions. Tepco avait d'abord envisagé de faire évaporer l'eau dans l'atmosphère, mais «l'eau évaporée se retrouverait au-dessus de l'océan, serait condensée et retomberait sous forme d'eau de pluie», expliquait en 2015 Dale Klein, un conseiller extérieur de Tepco.
Malgré la promesse du gouvernement japonais qui a prévu des mesures d'urgence pour soutenir les pêcheurs si le rejet d'eau traitée nuit à leurs ventes, les pêcheurs de décolèrent pas.