Que ce soit à Paris, à Londres ou à New York, le nombre de cyclistes est depuis quelques années en forte hausse dans les grandes villes. La cohabitation entre cyclistes et automobilistes n'est malheureusement pas toujours cordiale.
Feu rouge grillé, excès de vitesse, voiture garée sur une piste cyclable, aux États-Unis, l'application OurStreets («Nos rues») veut permettre aux piétons et aux cyclistes de s'organiser contre les chauffards. Pour cela, ses créateurs Daniel Schep and Mark Sussman sont prêts à transformer tout le monde en contractuel·les.
L'application, qui sera lancée le 11 janvier, est issue d'un bot Twitter et d'un site internet baptisés How's My Driving DC. Disponible à Washington, D.C., ce service peut, à partir d'une plaque d'immatriculation, lister toutes les contraventions reçues par un véhicule, afficher leur montant et indiquer si elles ont été payées ou non –des informations librement accessibles au public américain.
Si une voiture vous bouscule, il est ainsi possible de savoir en quelques minutes si elle a déjà été épinglée pour des infractions au code de la route et combien elle doit à la Ville, tout en la dénonçant aux autorités.
Données précieuses
OurStreets sera déclinée sur Android et iOS afin de pouvoir directement scanner les plaques d'immatriculation. La plateforme devrait également permettre de signaler les trottinettes et vélos électriques en free floating garés aux mauvais endroits.
L'application produira des données intéressantes, notamment pour identifier les zones concentrant le plus d'infractions. Une piste cyclable constamment bouchée par les voitures pourrait par exemple tirer profit de places de parking judicieusement placées à proximité.
Il est toutefois peu probable que les automobilistes en faute aient à craindre une quelconque sanction. Mark Sussman admet qu'«étant donné que la plupart des signalements sont pour des faits par nature momentanés, une conséquence directe est quasiment impossible». Et comme les personnes utilisant OurStreets ne sont pas de vrai·es contractuel·les, l'app ne leur servira sans doute qu'à passer leurs nerfs.
Seulement, les développeurs ne comptent pas seulement vendre leurs données aux municipalités, mais aussi à «des tiers, comme des compagnies d'assurance». Il est alors assez aisé d'imaginer une cotisation augmenter parce qu'une voiture est trop souvent dénoncée par des anonymes mécontent·es.
D'après Mark Sussman, How's My Driving DC a travaillé avec le département de contrôle des taxis de Washington, ce qui a «permis de transformer des signalements en réprimandes adressées aux chauffeurs».