Comment distinguer le coup de mou passager de la véritable fatigue chronique? Comme pour de nombreux troubles, le critère principal c'est la durée.
Plus cela s'inscrit dans le temps, plus les conséquences seront lourdes: la baisse du niveau d'énergie et de la capacité de concentration font alors place à l'anxiété ou, pire, au fameux burn-out. Phénomène qui touche tous les secteurs d'activité, la fatigue chronique puise souvent ses origines dans notre mode de vie contemporain.
Avant tout, une question de rythme
Première cause, et non des moindres: le manque de sommeil. Plus qu'un problème ponctuel, il est progressivement devenu un mal endémique. «Nous avons perdu jusqu'à une à deux heures de sommeil depuis le siècle dernier», s'alarme Isabelle Arnulf, directrice de l'unité des pathologies du sommeil de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière.
Les responsables, ce sont les écrans de nos smartphones, ordinateurs et tablettes qui émettent une lumière bleue perturbant nos cycles circadiens. Les effets de la privation de sommeil sont délétères pour la santé, allant de la simple somnolence à des pathologies plus graves, comme la dépression ou l'obésité.
Une solution au problème consiste à se réapproprier son rythme naturel. Il faut alors être attentif à ses pics d'éveil et d'attention (souvent le matin et en fin d'après-midi) afin de les utiliser à bon escient et d'y consacrer les tâches plus ardues ou les plus importantes.
En finir avec la procrastination
Physique, la fatigue chronique est également psychique et peut naître d'une baisse de motivation. Si vous êtes incapable de trouver du sens à votre travail ou de vous épanouir dans votre vie professionnelle, pas sûr que ces conseils suffisent. Mais pour les procrastinateurs et procrastinatrices impénitent·es, voici quelques astuces pouvant aider à se remettre au boulot.
Avis aux adeptes du «bordel organisé», il est prouvé qu'un bureau rangé invite davantage à la productivité. Autre idée facile à mettre en place: la règle des 5 minutes. Impossible de vous mettre à ce projet si barbant que vous différez sans cesse le moment de vous le coltiner? Décidez simplement de lui accorder 5 minutes.
En général, vous finirez par rester dessus, et les minutes devraient devenir des heures. Vous pouvez aussi instaurer des petits rituels dans votre journée de travail, en arrivant, au déjeuner ou bien à la pause café. Ils permettront de conditionner votre cerveau et de le disposer à exécuter certaines tâches à priori ingrates.
Pas sûr pourtant que cela suffise à aider nos compatriotes qui ont su élever la procrastination au rang de sport national. D'après un récent sondage OpinionWay, 49% des Français·es la pratiquent, au minimum, une heure par jour. Diane Ballonad Rolland, qui a consacré un ouvrage à la question, estime quant à elle qu'en l'espace de quarante ans, la procrastination aurait progressé de 300 à 400%!
Les vertus insoupçonnées de la sieste
Si malgré tout ceci, vous êtes toujours fatigué·e, pourquoi ne pas piquer un somme? Aujourd'hui, les start-ups se font les chantres des bienfaits de la sieste qui boosterait nos performances, améliorerait notre productivité et contribuerait à notre bien-être.
Si vous optez pour le petit roupillon, pensez cependant à ne pas passer plus de vingt minutes dans les bras de Morphée, temps conseillé pour une sieste courte. Quatre-vingt-dix minutes seront bénéfiques pour un vrai repos réparateur, sous réserve d'avoir un employeur particulièrement tolérant. Autres pratiques en vogue, la méditation et le yoga permettent de réduire stress et anxiété, tous deux vecteurs de fatigue chronique.
Phénomène récurrent dans de nombreux secteurs professionnels, la frontière entre temps de travail et temps personnel tend à s'estomper. Obstacle insidieux au bien-être, la fatigue est devenue un problème structurel dans un business world fondé sur la performance et le rendement. La déconnexion s'avère donc cruciale. Quelle qu'en soit la durée, ce réflexe salvateur profitera aussi bien aux salarié·es en poste qu'à celles et ceux ayant opté pour le télétravail.