Une équipe de recherche du MIT a utilisé un réseau neuronal pour identifier sur Google Street View les polices de caractère apparaissant dans soixante-dix-sept quartiers de Londres, avant de les croiser avec d'autres données.
Quelque 59.515 images de polices de caractères ont été collectées sur 748.471 images Google Street View. Les 900 polices recensées ont été regroupées en différentes catégories: serif, sans serif, script, decorative, casual, slab... Sans serif est le type de police le plus répandu, représentant à lui seul 25% du total.
Choix typographiques
La première corrélation étudiée par les scientifiques concernait les qualités associées par le public aux polices d'écriture. On apprend par exemple que serif est la catégorie la plus souvent liée à l'honnêteté et à la lisibilité, et que sans serif n'est pas du tout perçue comme innovante.
Les entreprises du secteur financier et bancaire privilégient logiquement les polices serif (comme HSBC) et sans serif (comme Bank of America), afin d'inspirer la confiance. Les boîtes de nuit, en revanche, leur préfèrent les genres script et decorative, jugés innovants et chaleureux.
Le lien avec la richesse des habitant·es de chaque quartier a également été examiné. Une forte corrélation positive a été trouvée avec les polices de caractères serif et script, et négative avec sans serif. Pour decorative ou casual, cette corrélation est faible.
En d'autres termes, les personnes à hauts revenus habitent des quartiers où les types serif et script sont surreprésentés, ce qui traduit une demande plus élevée pour les typographies «lisibles» et «rassurantes». Dans les quartiers populaires, ces polices d'écriture sont moins présentes.
«La police d'écriture pourrait être un critère de mesure alternatif pour évaluer le statut économique et démographique dans les grandes aires urbaines», conclut l'étude.