Aux États-Unis, Uber et Lyft pratiquent une (légitime) politique de tolérance zéro concernant la conduite en état d'ivresse ou sous l'influence de drogues. Mais des personnes en abusent: en accusant à tort leur conducteur ou leur conductrice, elles peuvent se faire rembourser la course.
«Alors que les passagers économisent quelques dollars, les conducteurs subissent une désactivation temporaire ou permanente. Ils perdent la capacité de travailler, de gagner de l'argent et de subvenir aux besoins de leur famille, tout cela parce qu'un passager a fraudé le système», s'indigne Maître Bryant Greening, avocat qui défend des chauffeur·es et des client·es de VTC à Chicago.
La politique de tolérance zéro de Lyft et d'Uber est proche de celle de nombreux États américains. En 2018, Uber a même été condamné à une amende de 750.000 dollars (environ 680.000 euros) car elle n'avait pas enquêté sur l'ensemble des plaintes signalant des chauffeur·es en état d'ivresse.
Lyft a une procédure légèrement différente: en cas de signalement, elle analyse les interactions passées du conducteur ou de la conductrice pour déterminer si l'accusation est crédible ou pas. En revanche, Uber prend généralement le parti de la clientèle, selon des témoignages de chauffeur·es publiés sur Reddit, Twitter et Facebook. La suspension peut être temporaire ou permanente.
Dashcams à la rescousse
Shannon Powell, un chauffeur Uber travaillant à Baltimore, a vu son compte désactivé après plus de 14.000 trajets et une note moyenne de 4,88. Son passager l'a accusé d'avoir fumé du cannabis avant de conduire. Malgré un test salivaire négatif payé de sa poche, Powell n'a pas eu le droit de reprendre le travail.
James Morran, 7.000 trajets et 4,92 de moyenne, était chauffeur Uber à Los Angeles depuis plus de trois ans. Il a été accusé d'avoir conduit en état d'ivresse, mais il n'avait consommé que son traitement pour sa maladie pulmonaire obstructive chronique, qui dégage une odeur d'alcool. Son compte a été désactivé de façon permanente.
Pour faire face au problème, certains conducteurs et conductrices installent des caméras de surveillance (dashcams) dans leurs véhicules. À Scranton en Pennsylvanie, cela a permis à un chauffeur suspendu de reprendre le travail. Le passager se vantait d'obtenir des courses gratuites en faisant de fausses accusations.