L'enterrement d'un soldat russe à Bogoroditsk, dans la région de Toula, le vendredi 24 mars 2023. | Natalia Kolesnikova / AFP
L'enterrement d'un soldat russe à Bogoroditsk, dans la région de Toula, le vendredi 24 mars 2023. | Natalia Kolesnikova / AFP

La 155e brigade d'infanterie de marine russe, l'unité qui a été détruite huit fois en Ukraine

Ouch.

Elle préférerait sans doute constituer un autre symbole, et plus encore les familles des innombrables soldats tombés dans ses rangs, mais la 155e brigade d'infanterie de marine russe est sans doute l'unité qui représente le mieux les affres abyssales de l'armée russe.

Nous en avions déjà parlé à propos de la bataille de Pavlivka, dans la région de Tchernihiv. Autrefois considérée comme l'élite, basée à Vladivostok dans l'extrême est de la Russie, la 155e brigade d'infanterie de marine russe a été détruite pas moins de huit fois depuis le début de la guerre en Ukraine, selon l'Institute for the Study of War (ISW), cercle de pensée basé à Washington DC et très fin observateur du conflit.

À Pavlivka, à Hostomel, lors d'une bataille où l'Ukraine a sans doute sauvé sa peau, à Boutcha, à Vouhledar, où les Russes se sont fait administrer l'une des plus grosses déculottées du siècle, à Bakhmout, où elle a également été engagée, l'unité a fait parler d'elle. généralement pour ses échecs et ses lourdes pertes.

Une mort sans fin

Pour le commandement russe, vie et mort semblent n'être qu'un éternel recommencement. Et tant pis pour les soldats dispensables, utilisés comme chair à canon. Tant pis aussi pour leur famille, à qui l'on offre –puis reprend– un manteau de fourrure comme lot de consolation.

À chaque nouvel échec, à chaque nouveau massacre, l'unité est reconstituée. À chaque fois avec des troupes moins aguerries, car la Russie peine à entraîner ses recrues suffisamment vite pour remplacer ses élites déjà tombées au front. Voilà comment on perd en qualité militaire, voici comment on perd une guerre.

Ce sale traitement réservé à la 155e brigade d'infanterie de marine russe, qui n'est bien sûr pas unique du côté russe, a fini par faire du bruit. En novembre 2022, les chefs de la brigade écrivaient ainsi une lettre ouverte à leur commandement pour se plaindre de ses tactiques meurtrières.

Début mars 2023, rebelote. À nouveau au combat à Vouhledar, objectif que la Russie n'a pas abandonné malgré les précédentes déroutes, la 155e brigade d'infanterie de marine russe aurait, selon la rumeur, fini par se rebiffer et refuser de mener certains assauts, considérés comme suicidaires.

L'unité envoyée au casse-pipe a même le soutien des blogueurs militaires russes. Comme l'explique Newsweek, ceux-ci sont depuis quelques mois vent debout contre les plans du commandement russe, qu'ils considèrent comme mortifères et inefficaces.

«Les milbloggers expliquent que les tactiques russes actuelles à Vouhledar, qui incluent un assaut initial frontal, suivi par des assauts contre des flancs ukrainiens très fortifiés, ont pour résultat des pertes élevées, mais aucun gain à cause d'un terrain difficile, du manque de puissance de feu et de l'échec à surprendre les forces ukrainiennes», explique l'ISW.

C'est peut-être cet entêtement qui a poussé l'Ukraine à ne pas abandonner Bakhmout, où la situation semble s'être stabilisée ces derniers jours. Si les pertes ont été lourdes du côté ukrainien, elles l'ont possiblement été bien plus encore du côté de l'armée russe et de ses supplétifs du Groupe Wagner.

Cette attrition, à l'image de celle qui a donc cassé huit fois la 155e brigade d'infanterie de marine russe, est idéale pour user l'ennemi, en attendant une contre-offensive de printemps qui commence à se dessiner.

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