À Kherson (Ukraine), la bien sinistre décharge, photographiée le 22 novembre 2022. | Chris McGrath / Getty images Europe / Getty Images via AFP
À Kherson (Ukraine), la bien sinistre décharge, photographiée le 22 novembre 2022. | Chris McGrath / Getty images Europe / Getty Images via AFP

L'armée russe accusée de brûler les cadavres de ses propres soldats dans une décharge de Kherson

Une certaine idée de l'enfer.

Les journaliste du Guardian en reportage sur place, Lorenzo Tondo, et son fixeur, Artem Mazhulin, expliquent ne pas avoir pu vérifier de leurs propres yeux l'information, la zone étant très probablement intégralement minée, ce qui la rend trop dangereuse pour que quiconque s'y aventure.

Pourtant, les locaux qu'ils ont interrogés sont formels: dans une décharge à ciel ouvert de la région de Kherson, dans le sud de l'Ukraine, l'armée russe a brûlé les cadavres de ses propres soldats tués par les frappes de l'artillerie et des Himars de l'armée de Kiev, incessantes avant la reprise de la ville mi-novembre.

Et il y a de fortes raisons de penser qu'ils ont été nombreux. La Russie a payé le prix fort de son invasion de l'Ukraine, avec quelque 100.000 personnes tuées ou mises hors de combat, selon une estimation du Pentagone, et la rude bataille de Kherson a provoqué des pertes terribles.

La décharge, expliquent les habitants questionnés par le quotidien britannique, était autrefois un endroit des plus normaux, où la population locale venait se débarrasser de ses déchets et encombrants. Jusqu'à ce que soudain, au creux de l'été, l'endroit devienne presque interdit, gardé par des troupes russes, protégé par un checkpoint.

La raison? Selon ce que rapportent de nombreux témoins ukrainiens, l'armée de Moscou utilisait un recoin de la décharge pour accueillir des camions pleins de «body bags», ces sinistres sacs noirs dans lesquels sont placés les cadavres. Elle y déversait sa triste cargaison, puis y mettait le feu. Les locaux disent ainsi avoir apperçu de réguliers nuages d'une fumée épaisse et noire et senti l'odeur âcre et ignoble de la chair qui brûle.

«À chaque fois que notre armée pilonnait les Russes ici, ils apportaient les restes humains dans la décharge et les brûlaient», décrit notamment Iryna, 40 ans, une habitante de Kherson. «Les Russes ont apporté un Kamaz plein de déchets et de cadavres mélangés et ont déchargé leur cargaison. Pensiez-vous que quelqu'un allait les enterrer? Ils les ont jetés, ils ont jeté les déchets par-dessus, et c'est tout», affirme un autre homme, marqué par l'horreur et la terreur quotidiennes de l'occupation russe de Kherson.

Humanité en fumée

«Je vais vous dire comment ça se passait, raconte Svitlana Viktorivna, qui transbahute depuis des années des déchets divers dans la décharge de Kherson avec son mari. Ils venaient, laissaient quelques-uns de leurs gardes, et ils mettaient le feu. Un jour, mon mari et moi sommes arrivés au mauvais moment. On est arrivé alors qu'ils faisaient leur affaire, et ils ont frappé mon mari au visage avec une barre à mine.»

«Je n'ai pas vu les restes», ajoute-t-elle néanmoins, à l'unisson des autres personnes interrogées. Isolé, l'endroit était logiquement interdit et reste impraticable pour des raisons de sécurité. «Je peux vous garantir que quoi qu'ils y aient fait, ça sentait vraiment très mauvais, comme de la viande avariée», précise un chauffeur de camion. «Et la fumée... La fumée était épaisse.»

Cette fumée, tous les habitants et habitantes des alentours l'ont vue et sentie, et partagent le même récit indicible. «Je me sentait nauséeuse quand je la sentais, relate Olesia Kokorina, qui habite au huitième étage d'un immeuble de Kherson. Et c'était effrayant, parce que ça sentait comme des cheveux brûlés, ou comme quand le dentiste creuse une dent avant d'y mettre un plomb. Et la fumée était si épaisse, on ne pouvait plus voir le bâtiment d'à côté.»

Bref, personne n'a vu, mais tout le monde a su, et ces éléments et témoignages accréditent la thèse d'incinérations humaines massives par l'armée russe dans cette décharge de Kherson. Les autorités ukrainiennes, pour l'instant, n'ont pas encore commenté.

Mais le Guardian rappelle que, plus tôt dans l'année et près de Donetsk, dans le Donbass, un soldat russe avait raconté à sa mère, lors d'un appel intercepté, combien les corps étaient nombreux et qu'ils étaient entassés dans des fosses communes d'une profondeur de deux mètres. «Ce n'est pas une morgue, c'est une décharge, c'est énorme», expliquait-il alors.

Un témoignage corroboré par bien d'autres, comme par de nombreuses et très macabres découvertes dans l'Ukraine autrefois occupée par les Russes: le respect de ces derniers pour la vie humaine, ou pour celles et ceux qui l'ont perdue, est pour le moins particulier.

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