Le fol enthousiasme d'une mort quasi certaine. | Arkady Budnitsky / Anadolu Agency via AFP
Le fol enthousiasme d'une mort quasi certaine. | Arkady Budnitsky / Anadolu Agency via AFP

L'armée russe menace de fusiller ou d'abattre les soldats qui refusent le combat

Et le patron du groupe Wagner appelle à une «répression stalinienne urgente».

Comme nous le narrions mardi 8 novembre, troupes d'élites comme hommes fraîchement conscrits semblent être envoyés en masse au massacre par un commandement aux considérations humaines plutôt limitées –près de 80.000 Russes seraient déjà morts au combat depuis février selon des médias ukrainiens, des chiffres assez proches de ceux du renseignement occidental.

À Pavlivka (oblast de Tchernihiv), la 155e brigade d'infanterie de marine russe a ainsi été lancée frontalement contre les défenses et l'artillerie ukrainiennes, qui l'ont décimée: 300 hommes seraient morts en quatre jours seulement et cette sanglante affaire, qui a poussé le ministère russe de la Défense à s'expliquer, fait tache d'encre, même dans un pays où la parole est cadenassée par le Kremlin.

Même scène d'horreur à Makiivka (oblast de Donetsk), et même scandale. Les pauvres mobilisés russes, partis au front après un entraînement des plus basiques, subissent des pertes ahurissantes: envoyés avec leurs seules mains pour creuser des tranchées, ils seraient près de 400 à avoir été massacrés par l'artillerie ukrainienne, littéralement abandonnés par leurs chefs.

On comprend donc que le moral soit au plus bas côté russe. On comprend aussi les soldats, professionnels ou fraîchement conscrits, qui refusent de servir de chair à canon.

«Pas un pas en arrière!», répond toutefois l'armée russe, comme dans son fameux Ordre n°227 du 28 juillet 1942: selon Newsweek, 21 soldats ayant refusé le combat auraient été mis au secret dans une installation de Zavitne Bazhannia, dans la région de Donetsk, et seraient menacés d'exécution.

«Ils vont peut-être me fusiller»

Le média américain se base sur un article du site russe indépendant The Insider, qui a pu mettre la main sur des suppliques envoyées par les familles des objecteurs de conscience en question, dont elles n'ont parfois déjà plus aucune nouvelles.

Alors que l'administration russe s'est récemment illustrée en cherchant à mobiliser un marin mort sur le Moskva, l'une de ces lettres explique pourtant que cette vingtaine d'hommes est supposée être exemptée de conscription, pour des raisons de santé ou parce qu'ils travaillent dans des entreprises considérées comme stratégiques pour l'économie russe.

L'affaire corrobore des observations déjà faites depuis le début de l'invasion en février: les conscrits aussi, qu'ils le veuillent ou non, que ce soit légal ou non selon les textes russes, doivent se battre. Quoiqu'il en coûte.

«Lena, ils vont peut-être me fusiller aujourd'hui», aurait ainsi écrit à sa femme le mari d'Elena Kashina, un homme de 33 ans travaillant dans une fonderie. Il lui aurait aussi précisé préférer «se couvrir les yeux et les oreilles» et attendre le peloton d'exécution, plutôt que de devoir tuer d'autres hommes sur un champ de bataille.

Sous les ordres des caciques de la république populaire autoproclamée de Donetsk, lui et d'autres objecteurs de conscience auraient été menacés d'être tués, jetés dans un charnier et déclarés portés disparus au combat par l'un de leurs chefs.

Ces méthodes d'un autre âge ont également été décrites dans un récent rapport des services de renseignement britanniques. Selon ces derniers, la Russie aurait notamment mis en places des groupes de «troupes barrières» ou «unités de bloquage» derrière les lignes de front, ayant pour mission de tirer purement et simplement, après une simple sommation, sur les éventuels déserteurs de leur propre camp.

Le climat dans l'armée russe est donc des plus horribles, et les scènes de quasi mutinerie sont de plus en plus régulièrement diffusées depuis le front. Une atmosphère de massacre qui convient parfaitement aux plus durs des alliés de Vladimir Poutine.

Evgueni Prigojine, le patron du groupe Wagner et proche du président russe, qui joue désormais sa propre carte en tapant fort et publiquement sur l'armée, a ainsi appelé le Kremlin à appliquer une «répression stalinienne urgente» face aux défaitistes. Les oligarques tenant un peu trop à leur peau et leur fortune pour s'impliquer totalement dans la guerre sont visés. Mais de tels propos irrigueront sans doute aussi l'attitude intransigeante et assassine des chefs au front face à des troupes de plus en plus hésitantes.

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