Il est des records dont les mères, les compagnes, les enfants, les proches se passeraient bien. Mardi 7 février, le ministère ukrainien de la Défense, dans son point quotidien, annonçait ainsi que plus de 1.000 soldats russes avaient été fauchés en vingt-quatre heures –le chiffre le plus important depuis le début de l'invasion du pays, entamée fin février 2022.
1030 Russian KIA’s. This may be the largest loss of life in a single day of combat. At this point it’s almost as if Putin is just sending human waves in the hopes of Ukraine running out of bullets. The Russian citizens should be dragging his carcass through the streets of Moscow! pic.twitter.com/GZCFoz9e0j
— Richard N. Ojeda, II (@Ojeda4America) February 7, 2023
Le même jour, les armées de Vladimir Poutine auraient perdu vingt-cinq chars et blindés au total, comme l'a affirmé l'état-major ukrainien dans un message sur Facebook, accompagné d'une vidéo montrant trois de ces engins lourds se faire détruire par les troupes jaune et bleu.
25 танків за дві останніх доби втратили російські окупанти. Конкретно цей - знищили воїни 92-ї окремої механізованої бригади імені кошового отамана Івана Сірка. Окрім того, протягом двох діб, ліквідовано близько 1900 загарбників. Вчора зафіксовано своєрідний рекорд - 1030 осіб. Боротьба триває! Слава Україні! #єТАНЧИК
Publiée par Генеральний штаб ЗСУ / General Staff of the Armed Forces of Ukraine sur Lundi 6 février 2023
D'autres vidéos, comme celle-ci dessous, ahurissante avec son soldat en flammes courant en tous sens, montrent d'autres chars se faire frapper par des mines, des drones ou des roquettes ukrainiens, ou roulant en file indienne vers une destruction certaine.
En l'occurrence, l'action se déroulait, selon les observateurs, aux alentours de Vouhledar (oblast de Donetsk), où un assaut russe d'importance aurait été repoussé avec succès par les défenseurs ukrainiens.
Russian tanks drove into a minefield(?). A Russian tanker is on fire, the tank was blown up by an anti-tank mine. 72nd brigade stopped Russian advance. Vuhledar. by @auto_glam pic.twitter.com/IcnjPdBsoV
— Paul Jawin (@PaulJawin) February 6, 2023
12 Russian tanks are about to be destroyed in Vuhledar in this picture#UkraineRussiaWar #Ukraine #RussiaIsATerroristState pic.twitter.com/usajK1qtM8
— @PStyleOne1 (@PStyle0ne1) February 6, 2023
Casse intégrale
Ces chiffres terribles s'ajoutent aux estimations récentes des observateurs occidentaux du conflit: selon eux, Moscou aurait, au minimum, déjà perdu plus de 200.000 hommes, tués ou blessés au combat, ces douze derniers mois –les États-Unis ou la Norvège situent ce sombre décompte autour de 180.000.
Ces pertes russes interviennent surtout au moment où la Russie, de l'avis de Kiev comme de ses alliés, se préparerait à une offensive hivernale de grande ampleur dans l'est du pays, peut-être pour marquer l'anniversaire de «l'opération spéciale» décidée par Vladimir Poutine et s'emparer à nouveau de l'ensemble des oblasts de Donetsk et de Lougansk.
Comme l'expliquent notamment le Wall Street Journal, ou l'historien militaire Cédric Mas dans son excellent point quotidien sur Mastodon, la Russie serait de nouveau très active sur de multiples fronts depuis quelques jours, de Bakhmout à Vouhledar, de Kreminna à Koupiansk.
#Ukraine 07/02 Point de situation du jour.
— cedric mas (@CedricMas) February 7, 2023
Il va falloir aux Ukrainiens des « nerfs d’acier » (pour reprendre la formule d’OK).
Mais ils n’ont pas le choix : c’est tenir ou disparaître en tant que pays libre et uni. https://t.co/GrFOZm7TCQ
Peut-être les forces de Moscou cherchent-elles, outre l'approche d'une date symbolique, à profiter d'une précarité relative de l'armée ukrainienne, avant qu'elle ne soit renforcée par les matériels lourds occidentaux en cours de transfert.
Car de l'annonce à l'arrivée sur le champ de bataille, le délai peut être long lorsqu'il faut résister, mètre par mètre, aux assauts infinis des vagues russes de chair à canon. Les chars Bradley envoyés par les États-Unis atteignent en effet à peine les côtes européennes, l'entraînement des tankistes ukrainiens sur les Challenger 2 ne fait que commencer, et les Leopard 2 promis par l'Allemagne ou la coalition alliée menée par la Pologne ne verront pas le feu de l'action avant plusieurs semaines.
Bonne nouvelle en revanche pour Kiev: après une longue hésitation, l'Allemagne semble décidée à accélérer le transfert de matériels lourds de combat. Il a ainsi été annoncé mardi 7 février que le pays, en plus des quelques Leopard 2 qu'il s'apprêtait à remettre à Kiev, débloquait avec les Pays-Bas la livraison d'au moins cent Leopard 1, peut-être près du double au total. Certes plus anciens, ces engins apporteront une masse et une puissance de feu appréciable aux lignes ukrainiennes.
Europe / Le 6 février, le navire Arc Integrity est arrivé dans le port britannique de Southampton, qui transporte des véhicules de combat d'infanterie Bradley pour l'Ukraine pic.twitter.com/Rz4EMyH6Ub
— RU/UK (@Uk_Eu_Ru) February 6, 2023
According to Business Insider - Germany has given the green light for the export of 187 Leopard 1 from Rheinmetall (88 🐆)and Flensburger Fahrzeugbau Gesellschaft (99 🐆). Official announcement should be on Tuesday.https://t.co/QtvZjuGKWb pic.twitter.com/8iKi9FzKn7
— Special Kherson Cat 🐈🇺🇦 (@bayraktar_1love) February 7, 2023
De la puissance de feu et de la masse, c'est justement ce dont la Russie pourrait manquer pour réussir son prochain «coup» hivernal. Car si le front s'active, si les troupes ukrainiennes souffrent et perdent elles aussi beaucoup d'hommes, certains observateurs doutent de la capacité de Moscou à réussir, à terme, là où ses troupes ont déjà échoué.
Selon le renseignement militaire britannique, les Russes n'avancent ainsi que de quelques centaines de mètres par semaine, pour un coût humain et matériel des plus élevés. Or, Moscou ne pourra pas indéfiniment remplacer les uns ni les autres: malgré les chiffres tonitruants annoncés et une «mobilisation fantôme» qui n'a jamais cessé, le recrutement et la bonne formation de nouvelles troupes ne se font pas en un claquement de doigts.
Vladimir Poutine semble faire appel une nouvelle fois au «général Hiver» pour l'aider dans son entreprise. Mais, comme nous l'expliquions le 23 janvier dernier, celui-ci a peut-être définitivement changé de camp et le facteur temps sera des plus importants dans les semaines cruciales qui s'annoncent.