L'histoire semble anecdotique, mais elle en dit long sur le désespoir qui gagne les rangs russes durant cette guerre en Ukraine que Moscou semble (pour le moment) être en train de perdre. Un élu communiste de l'oblat russe d'Orel, Viktor Makarov, a proposé à ses collègues de régler la question des chiens errants dans son pays en les capturant et en les envoyant en Ukraine armés de bombes, s'en servant ainsi de kamikazes antichars.
Repérée par Kevin Rothrock, du média russe indépendant Meduza, l'histoire a été rapportée par le journal local Orel Times. L'article précise que Viktor Makarov n'en est pas à son coup d'essai: il avait déjà proposé d'expédier les chiens sans maîtres en Chine.
A Communist deputy in Russia's Oryol region wants to train stray dogs to run at Ukrainian tanks as suicide bombers. Previously, he had a scheme to ship these pooches to China. The deputy's colleagues rejected both ideas. https://t.co/mnHvnGxtSF
— Kevin Rothrock (@KevinRothrock) December 3, 2022
«Je propose d'apprendre à ces chiens à faire sauter des chars», a-t-il précisé. Ses camarades n'ont semble-t-il pas été convaincus: la question du coût de l'entraînement, ainsi que celle de savoir si les chiens ne risquaient pas de se retourner contre leurs nouveaux maîtres ont rapidement été évoquées par les membres de l'assemblée.
«Meat grinder»
C'est heureux, cette proposition a finalement été jugée trop floue et trop peu réaliste par les collègues de l'élu. Le tweet de Kevin Rothrock a néanmoins provoqué une réaction plus qu'acide du général américain Mark Hertling, ex-commandant des forces armées de l'US Army en Europe et consultant régulier pour CNN.
Don’t know why they see the need to train dogs to do this…they currently are asking RU soldiers to do the same. https://t.co/LSwcSZqHW4
— MarkHertling (@MarkHertling) December 3, 2022
«Je ne sais pas pourquoi ils voudraient entraîner des chiens... Ils se servent pour l'instant des soldats de l'armée russe pour faire la même chose», a-t-il ainsi écrit, sans prendre de gant. Ce n'est sans doute pas tout à fait faux: dans les tranchées froides de Bakhmout, dans l'est de l'Ukraine –et pour ne compter que cette partie du champ de bataille–, les troupes de Moscou perdraient plus de 50 soldats par jour, pour des gains minimes et un but stratégique incertain.
Au cours de cette guerre, ce sont 100 à 200 Russes qui perdraient quotidiennement la vie sur ordre du Kremlin. Et au total, l'armée russe pourrait dépasser la barre des 100.000 morts et blessés dans quelques jours: c'est colossal, bien au-dessus de ce que furent les pertes lors de guerres précédentes, notamment en Afghanistan.
Après que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, évoquait 100.000 morts côté ukrainien, Kiev a dû communiquer ses chiffres: selon les autorités, entre 10.000 et 13.000 soldats ukrainiens auraient perdu la vie depuis le début de l'invasion russe en février 2022.