Il y a quelques jours, alors que sa guerre d'invasion de l'Ukraine par la Russie sentait déjà quelque peu le roussi, et un peu avant que Kiev ne lance une contre-offensive dans le sud autour de Kherson, Vladimir Poutine signait un décret pour augmenter les effectifs de l'armée russe.
Malgré une saignée démographique déjà importante et périlleuse pour l'avenir du pays, et à force de bonus et primes diverses, ce sont ainsi 137.000 soldats de plus qui devraient rejoindre les rangs de l'armée russe, avec notamment pour objectif de permettre le renforcement des troupes présentes dans les territoires déjà occupés dans l'est et le sud de l'Ukraine.
Du matériel est également rapatrié en urgence, tel le système de défense anti-aérienne S-300 parti de Syrie pour rejoindre le Donbass ou la Crimée. Par ailleurs, des trains chargés d'engins modernes, tels des chars T-80 et T-90 ou des Buk sol-air, auraient été observés se dirigeant vers l'Ukraine.
Comme le rapporte le Wall Street Journal, c'est à un tout nouveau corps formé de volontaires et baptisé 3e corps d'armée que ces équipements pourraient, en partie, échoir. La nouvelle troupe est ainsi à l'entraînement depuis quelques semaines dans la base de Mulino, à 250 kilomètres à l'est de Moscou, et rejoint peu à peu les territoires occupés d'Ukraine pour renforcer leur défense face aux contre-attaques de Kiev.
Soudards
De quoi renverser le cours des choses? C'est peu probable, expliquent les analystes occidentaux. C'est encore moins probable à en croire ce que racontent les habitants de Mulino sur les réseaux sociaux, du moins selon ce que rapporte le Wall Street Journal.
Car si les nouvelles recrues ne passent pas inaperçues dans la petite ville de 13.000 habitants, ce n'est pas pour les exploits militaires simulés à l'entraînement, mais plutôt pour leur comportement.
Une partie des hommes du 3e corps d'armée seraient ainsi saouls du soir au matin, déambulant dans les rues de la cité et harcelant ses habitants –et surtout, bien sûr, ses habitantes.
«Tout le village souffre à cause de ces volontaires», explique sur le réseau social russe VK une femme identifiée sous le nom Ksenia Glotova. «Ils marchent en groupe et ils harcèlent. Ce serait différent s'ils étaient entraînés et consignés dans leur base. Mais ils se baladent, saouls, dès 11h du matin.» «Ils disent qu'ils vont nous défendre, mais de ce que l'on peut voir, on va surtout très peu dormir», s'énerve une autre utilisatrice du même réseau VK.
Difficile, bien sûr, de vérifier la véracité ces distants témoignages. Mais la Russie faisant notamment appel à des condamnés libérés de prison pour remplumer les rangs de ses armées, il semble assez clair que les futurs opposants des armées ukrainiennes risquent de manquer d'un peu d'entraînement, et probablement de beaucoup de discipline.