Dans les tranchées, l'horreur, et pire encore en dehors. | Photo by Chris McGrath / GETTY IMAGES EUROPE / Getty Images via AFP
Dans les tranchées, l'horreur, et pire encore en dehors. | Photo by Chris McGrath / GETTY IMAGES EUROPE / Getty Images via AFP

Pour s'emparer des riches mines de Soledar, Wagner marche sur ses propres morts

Evgueni Prigojine est prêt à verser le sang pour une victoire très profitable.

Un avertissement au préalable: cet article comporte de nombreuses photos ou vidéos que nous recommandons aux personnes les plus sensibles d'éviter de regarder à tout prix.

À n'importe quel prix: c'est aussi l'expression utilisée par Evgueni Prigojine, chef du groupe paramilitaire Wagner, présent dans de nombreux conflits internationaux pour défendre les intérêts russes, afin de décrire les efforts engagés par ses troupes pour s'emparer de la ville de Soledar (oblast de Donetsk). Et, surtout, de ses mines.

Cette ville, à quelques encablures de Bakhmout –où les mêmes mercenaires envoient sur les défenses ukrainiennes des vagues ininterrompues de soldats sortis de prison, tombant par dizaines au cours d'assauts désespérés–, abrite en effet des exploitations de sel, de gypse, d'argile ou de craie qui attirent la cynique convoitise d'Evgueni Prigojine.

Comme l'ont expliqué des officiels américains à Reuters, prendre la ville de Soledar serait donc pour lui une manière de se servir sur la bête et de renflouer les caisses. Ce serait également un moyen d'enfin apporter à Moscou une précieuse petite victoire, bien qu'elle ne soit pas nécessairement d'une grande utilité tactique selon l'Institut pour l'étude de la guerre ou, du moins, qu'elle ne garantisse pas automatiquement la prise de Bakhmout dans la foulée.

Car vaincre les troupes ukrainiennes à Soledar serait d'une grande importance symbolique, en particulier alors que le Kremlin redonne le rôle militaire central de chef d'état-major des troupes terrestres russes au colonel général Alexandre Lapine –une manière de réaffirmer son pouvoir face aux prétentions grandissantes d'Evgueni Prigojine.

Les sept cercles de Soledar

Pour s'emparer de ces précieuses ressources, Evgueni Prigojine a donc misé gros et a déclenché un véritable enfer de combats urbains incessants et brutaux. Il semble en outre que certaines des troupes les mieux entraînées et les plus aguerries du Groupe Wagner se battent à Soledar.

Dans une allocution du 10 janvier, le président ukrainien Volodymyr Zelensky expliquait ainsi que la cité avait été vidée de ses habitants et que «plus un mur n'était debout». «Qu'est-ce que la Russie veut prendre ici? Tout est entièrement détruit, il ne reste presque plus de vie, affirmait-il. Des milliers de leurs hommes sont perdus: l'intégralité du terrain dans les alentours de Soledar est recouvert de corps des occupants et de cicatrices des frappes. Voilà à quoi ressemble la folie.»

Il est difficile d'y voir clair sur l'issue de la bataille de Soledar, comme sur celle de Bakhmout. À l'heure où ces lignes sont écrites, le mercredi 11 janvier au matin, la situation reste confuse et le brouillard tenace. Il semble que, malgré des rumeurs de retraite ukrainienne, les batailles se jouent encore dans les ruines, maison par maison, bloc par bloc.

Selon Evgueni Prigojine lui-même, dont les propos semblent confirmés par le renseignement militaire britannique, les Russes auraient atteint le centre de la ville et ses bâtiments administratifs principaux.

Moscou ne pourrait néanmoins pas encore revendiquer une victoire totale: comme le montrent certaines images, très dures pour quelques unes d'entre elles, ses soldats essuient encore une féroce résistance de la part des troupes ukrainiennes sur place. Le vaste réseau souterrain de tunnels des mines de la ville complique encore la visibilité de l'action.

Et si Wagner avance à Soledar, c'est comme à Bakhmout sur les cadavres de ses propres hommes, affirme Hanna Maliar, vice-ministre ukrainienne de la Défense. «Les approches des positions de nos hommes sont parsemés des corps des soldats ennemis. Nos troupes se défendent avec bravoure», a-t-elle ainsi déclaré mardi 10 janvier.

Selon elle, le groupe paramilitaire «avancerait littéralement sur les cadavres de ses propres soldats, avec un usage massif de l'artillerie, de lance-roquettes, de mortiers qui font tomber ses propres troupes dans le feu». Il a ainsi été rapporté que les troupes ukrainiennes avaient essuyé pas moins de 86 bombardements de l'artillerie russe en une seule journée.

A country of masochists.
Even after suffering colossal losses, russia is still maniacally trying to seize Soledar - home to the largest salt mine in Europe.
Do they believe that salt will heal the wounds of the maimed occupiers?

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