Vous avez probablement entendu parler des fermes à clic, ces étranges espaces où se rassemblent des milliers de smartphones et où se crée un marché noir de la notoriété sur internet. En vendant du like ou du partage, les fermes à clic influencent les personnes inscrites sur les réseaux sociaux pour les faire aimer un·e artiste, une page web ou une personnalité politique et accroître un peu plus leur popularité.
L'histoire qui nous intéresse ici se déroule bien loin de ces usines où s'alignent des centaines de machines. C'est dans un petit appartement en Ukraine qu'un homme, Andriy Tkachenko, accompagné de sa fille de 13 ans, ont créé un empire de pages pro-Trump sur les réseaux sociaux.
Recyclage de fake news
L'homme a créé plus d'une centaine de pages Facebook, dont une nommée «I love America» qui compte 1,1 million d'abonné·es. Certaines d'entre elles comme «Cute or Not?», spécialisée dans la diffusion de photos mignonnes de chatons et de chiots, promouvaient également l'image de la Première dame américaine avec des mèmes.
Une propagande massive en faveur de Trump sur les réseaux sociaux qui n'avait, semble-t-il, que le profit pour objectif. Selon Popular Info, qui a révélé l'affaire, Tkachenko avait découvert en 2016 l'histoire de ces jeunes Macédoniens qui avaient fait leur richesse en postant du contenu «clickbait» et des fake news sur la politique américaine sur Facebook.
En lisant cette histoire révélée par BuzzFeed, Tkachenko a flairé le bon filon. Pour son lancer son business, il n'a eu qu'à copier-coller: l'Ukrainien collectait les posts viraux dans une base de données et les modifiait légèrement avant republication pour tromper l'algorithme de Facebook, qui sanctionne les contenus non originaux.
Ce recyclage n'était qu'un moyen pour lui de booster l'engagement sur les pages Facebook qu'il administrait. Il pouvait ainsi augmenter le profit qu'il réalisait en redirigeant les internautes vers des sites publicitaires. C'est aussi simplement que cela qu'Andriy Tkachenko a monté sa petite affaire, appuyé par sa fille et «une femme âgée handicapée» qui les aidait régulièrement.
L'affaire montre une nouvelle fois les failles de Facebook en matière de politique et de fake news. D'autant plus que l'homme republiait régulièrement des mèmes de l'Internet Reasearch Agency, cette agence russe obscure qui aurait encouragé l'élection de Donald Trump sur les réseaux en 2016.
Comment ces contenus pouvaient-ils encore être acceptés par le réseau social? Depuis les révélations de Popular Info en début de semaine, Facebook a fait fermer l'ensemble du réseau d'Andriy Tkachenko. Mais d'autres, dans l'ombre, existent sans doute encore.