Fin janvier, nous relations les inquiétudes se faisant jour au sein de la société russe, légitimement assez peu rassurée par le fait que le Groupe Wagner d'Evgueni Prigojine sorte des prisons russes leurs pires criminels pour les envoyer sur le front ukrainien et leur offre le pardon en cas de survie de plus de six mois.
Remarkable video from a prison colony in Russia of Prigozhin himself recruiting inmates for Wagner https://t.co/wyc9Du7B06
— Dmitri Alperovitch (@DAlperovitch) September 14, 2022
Cette dernière condition n'est pas la plus simple à remplir pour ces bandits, assassins ou violeurs. On sait que cette troupe faite de bric, de broc et de sang a été utilisée comme une dispensable chair à canon en Ukraine, notamment à Bakhmout (oblast de Donetsk), où s'est déroulée une bataille dont s'est servie l'Ukraine pour l'user jusqu'à la rupture.
Certains de ces ex-prisonniers ont néanmoins pu rentrer chez eux, ne serait-ce que pour quelques jours. C'est le cas, raconte le Daily Beast, se basant sur les récits des médias locaux ou de MediaZona, d'un homme de 28 ans nommé Ivan Rossomakhin. Originaire de la petite ville de Novy Burets, dans l'oblast russe de Kirov, l'homme avait été condamné en 2019 à quatorze ans de prison pour le meurtre d'une femme, avant de se voir extrait de sa geôle crasse par le Groupe Wagner.
Ce dernier lui a, semble-t-il, offert une permission d'une petite semaine pendant son service: et ces quelques jours auraient été utilisés, expliquent les médias locaux, pour tuer de nouveau. Ivan Rossomakhin est du moins le suspect principal du meurtre d'une femme, dont le cadavre a été retrouvé par son fils couvert de coups et de blessures infligées au couteau.
Il faut dire que les jours ayant précédé cette macabre découverte, l'homme avait quelque peu inquiété les locaux, qui s'étaient plaints aux autorités de le voir se trimballer en ville avec une hache et une pioche, en criant «Je vais tuer tout le monde! Je vais découper une famille entière!» ou en fracassant les fenêtres des véhicules qu'il croisait.
Trop tard
«Mardi, nous le mettrons dans un train avec toutes ses possessions, pour qu'il parte d'ici, pour qu'on ne puisse plus le croiser. On ne peut rien attendre d'une telle ordure», avait répondu le chef de la police locale, Vadim Varankin. Mais avant mardi, Ivan Rossomakhin aurait fini par céder à une pulsion meurtrière.
Samedi 1er avril, Evgueni Prigojine expliquait pourtant à qui voulait l'écouter et le croire qu'il œuvrait en faveur de la réduction de la criminalité en Russie –non, ce n'est pas un poisson d'avril. «Au moment où je vous parle, plus de 5.000 personnes ont terminé leur contrat avec Wagner et ont été graciées. Le pourcentage de récidive dans le mois suivant le pardon est de 0,31%. C'est dix à vingt fois moins que le standard d'avant l'opération militaire spéciale», estime le patron du groupe de mercenaires. «Je peux le dire en toute confiance: nous avons divisé par dix le taux de criminalité en Russie.»
Le Daily Beast a tenté de l'interroger sur les faits imputés à Ivan Rossomakhin. Il a répondu qu'il ne pouvait répondre, étant trop occupé «à fouiller dans son jardin à la recherche du corps de [leur] collègue», faisait référence de manière hideuse au journaliste américain du Wall Street Journal Evan Gershkovich, récemment arrêté par Moscou pour espionnage. Dans un communiqué plus classique et plus «sérieusement», notez les guillemets, le Groupe Wagner s'est toutefois déclaré prêt à collaborer avec les autorités à propos du cas d'Ivan Rossomakhin.
Mais le communiqué, note le Daily Beast, ajoutait: «Non seulement ces personnes commettent moins de crimes qu'auparavant... mais grâce au fait qu'ils se soient battus, beaucoup de vos enfants, pères et maris, qui qu'ils soient, ne sont pas morts». Les habitants de Novy Burets ne sont peut-être pas du même avis.