La 5G arrive dans le monde et avec elle, la promesse de faire franchir un nouveau palier à nos réseaux de télécommunications. Cette nouvelle étape permettra de décupler la vitesse de connexion des smartphones mais, bien plus encore, de révolutionner l'industrie. Le timing peut paraître prématuré alors que la 4G n'est présente à grande échelle que depuis 2013 en France et que la fibre optique ne traverse pas encore tous les foyers de l'Hexagone. Pourtant, les contours de la cinquième génération commencent à se dessiner et les enjeux sont nombreux.
La 5G prévoit de battre tous les records mesurés jusqu'à aujourd'hui, sur trois axes principaux. Un débit dix fois plus rapide que celui de la 4G est déjà annoncé. Cette avancée arrive à point nommé pour s'adapter aux nouveaux usages en vigueur sur les smartphones, comme le streaming de vidéo ou de musique.
Face à ces concours de chiffres, la «latence» n'est sans doute pas le point le plus sexy pour convaincre le grand public de l'utilité du projet: elle est pourtant un point fondamental. Avec la 5G, elle passerait de dix à une milliseconde. Une donnée indispensable pour permettre l'arrivée des voitures connectées, notamment. La densité aussi va pouvoir être grandement étendue et permettre à des milliers d'objets au kilomètre carré d'être connectés au même moment.
Applications diverses et variées
Cette démultiplication des connexions simultanées d'appareils est possible grâce à l'importante vitesse de connexion offerte par la 5G et la possibilité de la fragmenter grâce au network slicing. Cette technologie permet de distinguer trois types différents: la 5G pour les réseaux mobiles, la 5G pour les objets connectés et la 5G à très faible latence pour une utilisation demandant beaucoup de précision et de fiabilité –comme les voitures autonomes, par exemple.
De cette façon, les trois couches sont paramétrées différemment en fonction des trois caractéristiques principales (débit, latence et densité) pour correspondre à des utilisations spécifiques.
Cet internet des objets pourra contribuer à faire du concept de ville intelligente une réalité. Selon une étude de l'École polytechnique fédérale de Zurich, d'ici 2025, 150 milliards d'objets divers et variés seront connectés entre eux et avec des milliards de personnes.
Les voitures autonomes sont particulièrement concernées. Malgré des premiers tests ponctués de quelques ratés, Waymo (Google), Uber ou encore Tesla, avec sa fonctionnalité de pilotage automatique, veulent investir ce marché le plus rapidement possible. La latence joue un rôle crucial pour une voiture lancée à plusieurs dizaines de kilomètres-heure.
Des champs d'application très variés pourront bénéficier de la 5G, comme la médecine. Le 27 février dernier, la première intervention chirurgicale «télémonitorée» a été réalisée par un médecin espagnol à l'occasion du Mobile World Congress de Barcelone. Lors de cette démonstration grandeur nature, le chirurgien était en liaison directe pour apporter ses conseils à une équipe chirurgicale située à cinq kilomètres de distance.
La réalité virtuelle et la réalité augmentée sont également susceptibles de se démocratiser. Les smartphones afficheraient sans peine des vidéos en 4K et tout le monde aurait accès au cloud gaming ou cloud computing.
Toutes ces avancées technologiques rendues possibles par la 5G conduiraient à une nouvelle révolution industrielle, notamment en ce qui concerne la production des usines et la généralisation de l'automatisation industrielle.
Le déploiement se précise
Avant une commercialisation pour le grand public prévue à partir de 2020, au plus tôt, le réseau se déploie déjà. En France, l'Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes) en collaboration avec les opérateurs a commencé à mettre en place des expérimentations dans plusieurs villes. La feuille de route prévoit de tester différentes applications de la 5G dans les villes choisies pour préparer l'arrivée du réseau.
Comme lors des débuts de la 4G, les opérateurs vont livrer bataille pour obtenir les meilleures fréquences. Le gouvernement a confirmé que le système de vente aux enchères serait utilisé pour l'attribution des fréquences. Il faudra attendre début 2020 pour en connaître les résultats.
Au niveau européen, l'arrivée de la 5G pourrait néanmoins se heurter à la question de la neutralité du net. Depuis 2016, une directive européenne garantit cette dernière dans l'ensemble de l'Union, mais la technologie de network slicing pourrait changer la donne. Un opérateur pourrait alors proposer un forfait uniquement pour la couche dédiée au réseau mobile ou un autre pour celle allouée aux objets connectés de sa maison.
Aux États-Unis, le modèle de déploiement reste en débat au plus haut niveau de l'État, mais il soulève déjà d'importantes questions de sécurité et de cyber-souveraineté, que se posent également nombre de pays alliés. Le géant chinois Huawei, soupçonné de constituer un potentiel cheval de Troie pour les opérations de surveillance du pays, a ainsi bruyamment été écarté de la course.
Impact à définir
L'introduction de la 5G interroge aussi l'impact sur la santé. Le wifi est parfois décrié pour son omniprésence dans les foyers, la 4G était crainte pour la puissance de ses antennes: la cinquième génération pourrait être l'ajout de trop au brouillard électromagnétique.
La 5G utilise aussi des ondes millimétriques, qui sont plus puissantes mais dont la portée est plus courte. Pour éviter cela, l'OMS a imposé une limite d'exposition équivalente à celles pour la 4G ou le wifi.
Pour l'instant, tous ces projets sont encore à l'état d'expérimentations. Les résultats des tests à travers la France serviront à tracer le chemin pour les étapes à venir. En tout cas, les opérateurs sont déjà dans les starting blocks et commencent à présenter des smartphones compatibles 5G.