Territoire géorgien séparatiste soutenu par la Russie, la République d'Abkhazie ne roule pas vraiment sur l'or. Alors sa population a décidé de le créer, ex nihilo.
Pris de passion pour le minage de bitcoins, et surtout pour les revenus non négligeables qu'il peut générer, poussés par un prix de l'énergie très bas, les Abkhazes se sont ainsi mis à faire pousser des petites mines sauvages un peu partout. Dans des caves, des maisons désaffectées, des étables, des containers, chez papi, sous son salon, parfois connectées illégalement au réseau électrique de la région.
Or, nul ne l'ignore désormais, le minage de bitcoin, effectué par des alignements infinis d'ordinateurs puissants, est une activité extrêmement énergivore, donc polluante.
Selon la Bank of America, il représente d'ores et déjà 0,4% de la consommation électrique globale, et une récente étude publiée par l'Université de Cambridge explique que le monde consomme plus qu'un pays comme l'Argentine pour sa nouvelle crypto-passion.
Black-out
Selon le ministre de l'Économie de l'Abkhazie, 625 mines ont été créées dans un pays de seulement 240.000 habitants –sans compter les installations illégales et cachées.
Pour supporter une telle activité, il est donc nécessaire de disposer d'installations électriques robustes. Ce n'est manifestement pas le cas de la petite Abkhazie: le pays a été victime de surcharges de son réseau, qui ont provoqué des coupures électriques régulières.
Les autorités ont été promptes à pointer du doigt la frénésie du bitcoin comme responsable de ces déboires d'un nouveau genre. Après avoir tenté d'accompagner sans succès le mouvement en 2018, elles se sont décidées à réagir en engageant des raids dans certaines de ces mines sauvages, abondamment relayés dans les médias nationaux ou en ligne.
Les Abkhazes qui avaient misé gros sur le minage du bitcoin, dont dépendait l'intégralité de leurs revenus, ont donc à la fois dû affronter ces black-out réguliers et le tour de vis des autorités locales. «Je vois les prix actuels du bitcoin, ça me donne envie de pleurer», commente ainsi Inal, l'un de ces mineurs au chômage technique, interrogé par Reuters.