Des appareils libanais, au-dessus du port ravagé de Beyrouth, le 4 août 2021. | Patrick Baz / AFP 
Des appareils libanais, au-dessus du port ravagé de Beyrouth, le 4 août 2021. | Patrick Baz / AFP 

Pour renflouer les caisses, l'armée libanaise promène des touristes dans ses hélicos

Le système D pour entretenir ses appareils.

Le Liban est en pleine débandade économique. Le PIB s'est effondré de 31,2 % en 2020, la livre libanaise a perdu 90% de sa valeur en deux ans et plus de 74% de la population vit sous le seuil de pauvreté.

Un marasme qui oblige de nombreux Libanais à recourir au système D pour se faire un peu d'argent de poche. Parmi eux, l'armée libanaise elle-même, qui a décidé de mettre à profit ses hélicoptères pour offrir des petits tours aux touristes, relate le site Al Jazeera. Les sous encaissés serviront à la maintenance des appareils, assure l'armée, même si l'initiative vise officiellement à «developper le tourisme».

Depuis le mois de juillet, touristes et citoyens libanais peuvent désormais s'inscrire sur le site web de l'armée afin d'obtenir une petite escapade de quinze minutes intitulée «Le Liban vu d'en haut».

Les excursions ont lieu à bord des hélicoptères R44 Robinson Raven, des appareils légers généralement réservés aux étudiants-pilotes en première année de formation. Les virées partent des bases aériennes de Rayak, au centre du pays, et d'Amchit, au nord de Beyrouth.

Le succès semble dépasser les espérances, assure La Croix: «Depuis l'ouverture du programme, les hélicoptères ne désemplissent pas.» Pour 2021, l'armée vise environ 1.000 heures de vol. À 150 dollars l'excursion, (126 euros), ce cumul devrait rapporter 600.000 dollars (511.000 euros) aux militaires d'ici la fin de l'année.

En juin dernier, le commandant de l'armée, le général Joseph Aoun, a averti que la crise économique conduirait bientôt à «l'effondrement de toutes les institutions [de l'État]», y compris l'armée.

Il faut sauver le soldat libanais

Le salaire des soldats a ainsi dégringolé de 90% depuis le début de la crise et les équipements ne peuvent plus être entretenus correctement. En juin 2020, l'armée a cessé de servir de la viande aux soldats, en raison de la flambée des prix des denrées alimentaires.

Depuis, plusieurs pays dont la France, l'Égypte, les Émirats arabes unis ou la Turquie ont envoyé des chargements de vivres aux troupes. Les États-Unis restent toutefois le plus grand bailleur. Cette année, le pays a augmenté les fonds destinés à l'armée libanaise de 15 millions de dollars à 120 millions de dollars (102 millions d'euros). La France n'est pas en reste: depuis 2016, Paris aurait livré plus de 60 millions d'euros d'équipements aux unités militaires libanaises.

Mais la situation ne s'améliore guère. «Le taux de désertion des agents des Forces de sécurité intérieure (FSI) a récemment augmenté, car certains cherchent de nouvelles sources de revenus», a alerté le ministre de l'Intérieur sortant Mohammed Fahmi le 31 août dans un entretien au journal Al Joumhouria.

Pour s'en sortir, de nombreux soldats cumulent les casquettes en cumulant deux, voire trois emplois. «C'est du système D», explique dans La Croix Joseph Bahout, directeur de l'Institut Issam-Farès pour les politiques publiques et les affaires internationales à l'université américaine de Beyrouth. «Mieux vaut ça que de laisser ces hommes partir et faire des rapines dans les villages pour nourrir leurs familles.»

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