En suspension dans l'air, chaque gramme compte. C'est d'autant plus vrai en ce qui concerne l'industrie aéronautique, où l'embonpoint représente un coût économique autant qu'écologique.
Prendre votre laptop avec vous équivaut ainsi à 30 centimes d'euros de plus en kérosène et un petit coussin à 4,5 centimes –ça n'a l'air de rien, mais c'est loin d'être négligeable. Alléger les aéronefs est donc un enjeu crucial pour les avionneurs. Et ils ont trouvé une arme précieuse pour y parvenir: le design génératif.
Fast Company présente le cas d'Airbus qui, avec l'appui technologique d'Autodesk, utilise les nouvelles technologies pour amincir ses engins. La théorie est simple à comprendre: les ingénieur·es soumettent à la machine et à l'IA une série de paramètres ou de contraintes (poids, solidité, flexibilité, etc.), et lui imposent un objectif.
Économies de kérosène
Propulsée par les capacités de calculs colossales des ordinateurs modernes, c'est au logiciel de mouliner pour trouver les solutions les plus efficaces. «Quand on conçoit un avion, on doit penser au confort des passagers, à l'énergie nécessaire pour fabriquer ses matériaux et aux coûts finaux. Le design génératif est le meilleur processus pour intégrer toutes ces variables», explique à Fast Company David Benjamin, responsable de la recherche pour Autodesk.
C'est d'autant plus vrai que le processus se nourrit de lui-même pour progresser, et qu'un nombre croissant de paramètres peut lui être imposé. «C'est de plus en plus rentable lorsque la complexité augmente», poursuit l'ingénieur.
Les résultats? Une portion de cabine 45% plus légère, mais 8% plus solide ou un empennage 20% moins lourd –donc des tonnes de kérosène économisés par trajet pour chaque avion.
Les deux firmes vont plus loin dans l'intégration du generative design au processus global de conception et de fabrication des aéronefs. Airbus planche ainsi sur une nouvelle usine, basée à Hambourg: avec l'aide, là encore, d'Autodesk, ses plans ont d'abord été confiés aux bons soins de l'intelligence artificielle.
Des espaces nécéssaires au confort thermique des bâtiments, une dizaine de paramètres ont ainsi été imposés à la machine pour dessiner la chaîne de production la plus logique, la plus économe et la plus écologique possible. Le logiciel a proposé deux plans différents, présentant chacun des avantages et des inconvénients propres, entre lesquels Airbus devra faire son choix.
Le design génératif devrait bientôt se généraliser. David Benjamin explique ainsi à Fast Company que le travail effectué avec Airbus n'est qu'une première étape avant l'adoption en masse de cette technologie. Associée à une impression 3D aux progrès rapides, cette ingénierie robotisée pourrait bien faire progresser l'humanité toutes ailes déployées.