Pourtant malmenés sur le plan des ventes, les concurrents de Lockheed Martin, concepteur du F-35 Lightning, peuvent rire sous cape: le programme initié par le Pentagone dans les années 1990 est, sur le plan technique comme financier, un bide retentissant.
Chez les spécialistes de l'aéronautique militaire, le F-35 n'a pas bonne presse. Très en retard, très critiqué également, le programme est un véritable gouffre financier. Bloomberg rapporte ainsi un coût de 428 milliards de dollars, soit près de 400 milliards d'euros. Au total et sur soixante-dix ans, notamment du fait d'un coût d'entretien très élevé, le F-35 pourrait coûter 1.500 milliards de dollars au contribuable américain.
Pourtant déjà produit à plus de 490 exemplaires, l'avion multirôle n'est pas encore opérationnel. Il risque de ne pas l'être avant quelque temps: malgré son coût ahurissant, le F-35 est criblé de défauts majeurs rendant son utilisation au combat encore très hypothétique.
Précision «inacceptable»
Dernières révélations en date: Bloomberg, qui a eu accès à un rapport interne au Pentagone, a rapporté que le canon interne de 25 mm de l'une des variantes du F-35 souffrait d'une précision «inacceptable», et qu'il avait la fâcheuse tendance à se briser lorsqu'il était utilisé. Embêtant pour un aéronef militaire à près de 100 millions de dollars pièce.
Au total, l'appareil souffre de treize problèmes de catégorie 1 –des défauts affectant sa sécurité et son aptitude au combat et devant être résolus avant toute mise en service. Tout aussi ennuyeux, le système logiciel de l'appareil est largement défaillant. 873 problèmes seraient encore à régler, de nouveaux bugs étant découverts à chaque fois que d'autres sont éliminés. Certaines failles de cybersécurité importantes n'ont par ailleurs toujours pas été résolues.
Magie de la géopolitique et preuve de la puissance diplomatique, commerciale, militaire et industrielle des États-Unis, tout ceci n'empêche pas le F-35 d'être un carton international. Outre les États-Unis, le Royaume-Uni, le Japon, les Pays-Bas, l'Australie, la Norvège, le Danemark et le Canada –malgré quelques remous– ont fait du F-35 leur jet de choix, certains ayant directement participé au Joint Strike Fighter program.