Une étape importante vient d'être franchie par l'industrie agroalimentaire mi-janvier. D'ici quelques années, la viande cultivée en laboratoire, jusque-là restée à un stade expérimental, fera peut-être partie de notre alimentation quotidienne.
Dans un communiqué, la jeune pousse Memphis Meats, basée à Berkeley en Californie, a annoncé avoir bouclé un tour de table de 161 millions de dollars en série B (145 millions d'euros) pour compléter le financement de son usine de viande cellulaire. Celle-ci devrait voir le jour dans un peu moins de deux ans sur le sol américain.
Historiquement, c'est la plus grande levée de fonds pour un projet de ce type. Les nouveaux investisseurs –SoftBank Group, Norwest et Temasek– rejoignent un pool de partenaires prestigieux, parmi lesquels on compte notamment Richard Branson, Bill Gates, Kimbal Musk (le petit frère d'Elon), Tyson Foods (l'une des plus grandes entreprises agroalimentaires au monde et leader reconnu dans le domaine des protéines), ainsi que plusieurs sociétés d'investissement dont Threshold Ventures et Future Ventures.
Sécurité alimentaire
Avec une longueur d'avance, Eat JUST, Inc., une autre start-up remarquée de la foodtech, avait ouvert en 2019 le premier site de production industrielle de viande cellulaire, mais avec des moyens nettement moins importants. Bien plus ambitieux, le projet développé par Memphis Meats vise ni plus ni moins à populariser à grande échelle ce type d'alimentation auprès des consommateurs.
La viande sera produite par la croissance des muscles et du tissu conjonctif dans un récipient que la start-up appelle un «cultivateur». L'ensemble du processus pour obtenir un steak consommable nécessite entre quatre et six semaines de culture cellulaire.
«Les cellules animales ont tous les atouts pour accroître considérablement les capacités de l'humanité à nourrir une population mondiale en forte expansion, tout en préservant nos traditions culinaires et en protégeant notre planète», a déclaré Uma Valeti, PDG et cofondateur de Memphis Meats.
Exigences climatiques
Il faut dire qu'avec 1.500 litres d'eau utilisés pour produire un kilo de viande bovine, l'élevage traditionnel s'avère être une activité particulièrement polluante, qui ne répond pas aux nouveaux modèles de sobriété imposés par le changement climatique.
Selon les estimations de l'ONU en matière de croissance démographique, il faudra nourrir 9,8 milliards de personnes en 2050. Pour l'instant, la seule chose qui freine la montée en puissance de la viande cellulaire est la réglementation, qui pourrait évoluer assez vite.