Qu'est-ce qu'Anguilla, petite île caribéenne, peut bien avoir à faire avec le monde des nouvelles technologies? L'économie de ce territoire d'outre-mer du Royaume-Uni repose d'ordinaire plutôt sur le tourisme de luxe et la pêche aux homards.
Il se trouve que par un heureux concours de circonstances, l'île se situe précisément au croisement de deux des tendances les plus populaires aujourd'hui dans la Silicon Valley: l'intelligence artificielle et les noms de domaines originaux.
Anguilla est ainsi propriétaire des noms de domaines se terminant par «.ai», l'abréviation anglaise d'artificial intelligence. Or, afin de se démarquer au milieu d'un océan de .com, de plus en plus de start-ups cherchent à installer leur marque sur des noms de domaine plus remarquables.
1% du PIB
En plus des entreprises, des spéculateurs achètent des noms de domaine en lesquels ils voient un potentiel pour ensuite les revendre à prix d'or. À tel point que le business pèserait désormais, d'après Matthew Zook, un spécialiste de l'industrie de l'Université du Kentucky, un total de 4 milliards de dollars (3,6 milliards d'euros).
Pour les start-ups spécialisées dans l'intelligence artificielle, le .ai est donc idéal. Selon Peter Chen, fondateur de Covariant (covariant.ai), il permet de «nous donner l'image de marque, l'identitée et le symbolisme que l'on veut. C'est beaucoup mieux que .com».
En 2018, Anguilla a ainsi récolté 2,9 millions de dollars (2,6 millions d'euros) en factures pour l'utilisation de ses noms de domaine. Une telle somme peut ne pas sembler mirobolante, mais l'île compte seulement quelques milliers d'habitant·es (18.000) et son PIB n'était en 2018 que de 281 millions de dollars.
Les revenus de .ai équivalent donc à près de 1% du PIB de l'île, et cet argent va directement dans les caisses de l'État. L'équivalent, a calculé le New York Times, des salaires de 127 salaires de profs d'école primaire.