Un beau jour, au début du siècle dernier, l'Américain Albert Bacon Pratt a eu une idée. «Pourquoi ne pas apposer une arme à feu sur un casque qui permettrait aux soldats de suivre, cibler et attaquer les ennemis simplement en tournant la tête?»
Il aurait aussi pu se demander «pourquoi le faire?» mais emporté par son enthousiasme, il a mis ces considérations de côté et déposé un brevet en 1916. Le projet du casque-canon, actionné par un tube dans lequel le soldat doit souffler était né.
«On tourne [...] instinctivement la tête en direction [d'une menace] pour voir l'ennemi, ou, en chasse, vers tout son émis par le gibier à proximité. Ainsi, le canon est automatiquement dirigé vers [la cible] au cours du premier mouvement instinctif», explique alors l'inventeur.
Continuant la comparaison avec la chasse, Albert Bacon Pratt assure qu'il n'est pas forcément nécessaire de disposer d'un viseur pour faire feu. Ainsi, de nuit, on peut tirer sur un gibier sans l'avoir en point de mire. Il pense même que son invention règle le problème du recul.
En avance sur son temps
«Le [ressort] du boulon de culasse le force si rapidement à avancer à nouveau en suivant le recul, les deux mouvements [s'annulent] si vite que le recul n'engendre aucun inconfort pour le porteur», assure-t-il.
Aucune archive ne permet d'établir si le casque-canon a été utilisé par l'armée américaine lors de son entrée dans la Première Guerre mondiale. Il aurait en tout cas représenté un changement radical par rapport au casque en acier M-1917 –très inspiré du casque anglais MK1 Brodie– qui équipait les soldats de l'US Army, suggère Task & Purpose. Pour autant, tout n'était pas à jeter dans les intuitions d'Albert Bacon Pratt.
«L'armée américaine moderne a expérimenté l'association de capteurs et de systèmes d'armes aux mouvements de la tête d'un aviateur depuis le développement du casque intégré et du système de visée écran (IHADSS) pour l'hélicoptère AH-64 Apache dans les années 1980», rappelle le site spécialisé. L'inventeur était tout simplement en avance sur son temps.