Le premier test nucléaire de l'histoire nommé Trinity, le 16 juillet 1945 dans le désert du Nouveau-Mexique; les explosions sur Hiroshima (15 kilotonnes) et Nagasaki (21 kilotonnes) en août de la même année; les tests aériens, souterrains ou sous-marins auxquels se sont ensuite adonnées toutes les nations dotées de l'arme ultime.
À chaque fois, des explosions apocalyptiques et leurs champignons stratosphériques, des bombes capables de souffler des régions entières, un arsenal pour la fin du monde. Comme l'explique très justement Business Insider, l'imaginaire populaire associe généralement les armes atomiques à ces images, vues et revues, de ravages massifs.
Mais comme le note le même site, les armées et leurs généraux n'ont pas seulement imaginé les bombes atomiques comme ces frappes massives, stratégiques, de dernier ressort.
Le nucléaire aurait également pu avoir des applications tactiques, à plus petite échelle –un usage potentiel qui a même été âprement débattu aux États-Unis lors de la guerre de Corée ou pour aider l'armée française à Ðiện Biên Phủ.
Pour ces «petites» frappes, il fallait de «petites» bombes: c'est à l'inventaire de ces armes parfois curieuses que procède Business Insider. L'US Air Force a par exemple, dans les années 1950, fait développer le AIR-2 Genie par Boeing.
Il ne s'agissait nullement d'une bombe mais d'une roquette air-air, dotée d'une tête nucléaire de 1,5 kilotonne, capable de voler à Mach 3 (3.704 kilomètres par heure) et de provoquer un «blast» d'un rayon de 300 mètres: l'idée était de viser les grandes formations de bombardiers russes en cas d'approche trop menaçante.
Présent dans les arsenaux américains et canadiens jusque dans les années 1980, 3.000 de ces AIR-2 Genie ont été produits. L'idée a été reprise, avec une mini-tête de 0,02 kilotonne, pour le missile AIM-26 Falcon.
Quant aux Soviétiques, ils n'ont pas été en reste avec le R-33 –et la Russie prépare sans doute de nouvelles apocalypses avec son effrayant missile hypersonique nucléaire.
De la pastèque au champignon
Au sol, des «canons atomiques» tractés comme le M65, surnommé Atomic Annie, ont été testés et sont capables de lancer quelques sales surprises radioactives sur les lignes ennemies.
Mais entre les mains des artilleurs, l'arme la plus curieuse reste sans doute ce que les militaires appelaient «la pastèque atomique», le M28 Davy Crockett Nuclear Weapon System. Le M28 était un lance-roquettes monté sur trépieds, nécessitant trois opérateurs et armé d'ogives W54, les plus petites jamais développées par l'armée américaine.
Les troupes américaines postées en RFA ou en Corée du Sud ont été équipées de cette pastèque radioactive, mais le M28 faisait porter un tel risque de retombées radioactives sur ses propres opérateurs que son utilisation a rapidement été écartée.
Si riquiqui qu'elle pouvait être transportée par un unique soldat, son ogive a en revanche été réutilisée pour la création de la Special Atomic Demolition Munition (SADM). La SADM était, littéralement, un sac à dos nucléaire, que son opérateur pouvait faire exploser grâce à un détonnateur.
L'objectif de la SADM, qu'il était possible de parachuter derrière les lignes ennemies, était de détruire certaines cibles précises ou de couper des routes vitales. Comme le rappelle Business Insider, il s'agissait pour certains vétérans d'une mission suicide garantie qui, heureusement, n'a jamais eu lieu.
La dissuasion française a également été dotée d'une arme nucléaire tactique, ou plus précisément «préstratégique» selon le jargon maison. Les frappes à courte distance étaient dévolues au missile Pluton, capable de lancer des ogives AN 51 de 10 à 25 kilotonnes –quand même– jusqu'à 120 kilomètres.