Une source proche du ministère de la Défense russe a dévoilé au média Important Stories que l'armée du pays était décidée à utiliser en masse l'aviation en Ukraine. À cette information s'ajoute un article publié le 14 février par le Financial Times, indiquant que la Russie était en train de regrouper des chasseurs et des hélicoptères le long de sa frontière.
Cette menace est prise au sérieux par les États-Unis. Mobiliser l'aviation permettrait de prendre le relais des forces terrestres russes, qui apparaissent épuisées après un an de conflit. Rien n'est néanmoins certain à ce stade.
Stratégie risquée
Par rapport au début de la guerre, l'armée de Moscou dispose encore d'environ 80% de ses capacités aériennes, soit environ 1.500 appareils toujours opérationnels, quand 130 ont été détruits. Néanmoins, la Russie manquait de pilotes au début de l'offensive et c'est probablement toujours le cas, même si des «as» supplémentaires ont vraisemblablement été formés depuis.
Par ailleurs, la chasse russe ne dispose pas d'une expérience opérationnelle comparable à ce qu'il se passe en Ukraine. Pour éviter la défense anti-aérienne de Kiev, les pilotes russes seraient contraints de voler à basse altitude, ce qui les mettrait alors à la portée de missiles sol-air portables comme les Stinger.
Côté russe comme ukrainien, on évite de toute façon d'utiliser l'aviation derrière les lignes ennemies, par peur de la défense anti-aérienne adverse. Si Moscou utilisait massivement son aviation, elle pourrait infliger des dégâts importants, mais probablement au risque d'importantes pertes humaines et matérielles.
L'enjeu de la suprématie aérienne
C'est pour faire face à cette éventualité que Kiev demande à ses alliés de lui fournir des avions de chasse modernes. Le F-16 américain, le Gripen suédois et le Typhoon britannique ont notamment été évoqués, mais sans succès pour l'instant. Seule la Pologne envisage de livrer d'antiques MiG soviétiques «dans le cadre d'une coalition élargie».
Du point de vue de la plupart des pays occidentaux, ces coûteux appareils risqueraient d'être instantanément détruits par les Russes, sans compter le fait que les pilotes ne seraient pas formés avant six mois. L'Ukraine aurait donc surtout besoin de munitions pour faire face à l'offensive potentiellement imminente de Moscou.
Mais du point de vue de Kiev, sa défense aérienne n'est pas impénétrable et seuls des chasseurs modernes constitueraient la garantie que les avions et hélicoptères russes ne puissent pas mener d'opérations en profondeur sur son territoire.
«Malheureusement, le caractère contesté de l'espace aérien ukrainien est considéré comme acquis par l'Occident depuis bien trop longtemps», déplore l'analyste Mykola Bielieskov, du National Institute for Strategic Studies ukrainien. Autrement dit, les chasseurs russes ne peuvent pour le moment pas mener d'opérations dans le ciel ukrainien, mais une offensive d'ampleur de Moscou pourrait changer la donne –même au prix de lourdes pertes.