Quiconque a tenté d'acheter une console de jeux dernièrement le sait: la pandémie et la concurrence entre la Chine et les États-Unis ont causé une pénurie mondiale de semi-conducteurs, qui à sa suite a entraîné des carences en tout genre.
De nos jours, ces puces électroniques n'existent plus uniquement dans les téléphones et les ordinateurs, elles sont omniprésentes. Des automobiles aux micro-ondes, toute l'industrie a besoin de semi-conducteurs, et c'est l'ensemble de l'activité manufacturière, dans le monde entier, qui est perturbé.
La solution serait d'augmenter la cadence, mais la chaîne de production des puces électroniques est complexe et fragile. L'un des éléments clés de cette chaîne est une entreprise basée à Veldhoven, aux Pays-Bas: Advanced Semiconductor Material Lithography (ASML). Ce nom ne vous dit probablement rien –la firme domine pourtant plus de 60% du marché des puces électroniques.
ASML ne produit pas de puces mais des machines de photolithographie, indispensables pour imprimer les semi-conducteurs en les exposant à un rayonnement ultraviolet. Du haut d'un chiffre d'affaires de 14 milliards en 2020, ASML règne sur le marché.
Pour que la production parvienne à atteindre le niveau de la demande, il serait donc nécessaire qu'ASML s'agrandisse rapidement. Seulement, d'après son PDG Peter Wennink, cela prendrait deux ans.
Technologie de pointe
Comme l'explique Quartz, la complexité des puces augmente constamment et les techniques nécessaires pour les produire évoluent au même rythme. Aujourd'hui, lancer ex nihilo une entreprise aux capacités semblables à celles d'ASML serait une tâche incroyablement longue et difficile.
D'autant que l'industrie des semi-conducteurs adopte de manière croissante des machines de lithographie extrême ultraviolet (EUV), qui permettent de pousser un peu plus loin encore la miniaturisation des puces.
Ces machines de 180 tonnes, qui coûtent plus de 100 millions d'euros et nécessitent 18 mois d'assemblage, sont vendues par une seule entreprise: ASML. Les engins spécialisés dans l'EUV nécessitent de surcroît la présence permanente d'équipes d'ASML, afin de les maintenir en état.
Il y a donc peu de chance qu'un concurrent proposant une technologie aussi avancée émerge de sitôt et ASML, comme la firme japonaise Lasertec, elle aussi centrale dans la technologie de l'EUV, devrait donc demeurer un chaînon crucial de la production de semi-conducteurs.
Toutefois, les États-Unis interdisent à ASML de vendre sa technologie EUV en Chine. Ces sanctions ralentissent le pays sur le marché des puces, mais elles poussent aussi Pékin à accélérer ses efforts afin de faire émerger un concurrent chinois. Jusqu'à un jour concurrencer ASML?