Le 28 septembre dernier, Amazon a fièrement dévoilé son premier robot domestique baptisé Astro et chargé de veiller sur vos proches et votre domicile. Pour la modique somme de 1.450 dollars (1.250 euros), Astro est une sorte d'Amazon Echo sur roues, doté d'une «véritable personnalité» et répondant à toutes vos demandes grâce à l'assistant vocal, Alexa. Voilà donc un adorable petit compagnon serviable et obéissant. En apparence.
Derrière la prouesse technologique vantée par Amazon, la réalité serait tout autre, selon des documents internes révélés par le site MotherBoard. Non seulement Astro serait un «cauchemar pour la vie privée», comme le décrit l'un des ingénieurs du groupe, mais il aurait aussi de fâcheuses tendances suicidaires. «Astro est catastrophique et se jettera presque certainement dans un escalier si l'occasion se présente», relate une source ayant travaillé sur le dossier (nommé Vesta en interne).
Astro, le weirdo
«L'appareil est ridiculement fragile pour quelque chose de ce coût. Le mât s'est rompu sur plusieurs appareils, se verrouillant en position allongée ou rétractée, et il n'y a aucun moyen de l'expédier à Amazon lorsque cela se produit, poursuit cette source. Astro est promu comme un dispositif de sécurité, mais avec des mâts qui se cassent et la possibilité qu'il se suicide à tout moment, cette proposition est au mieux absurde et au pire potentiellement dangereuse.» Un autre ingénieur cité par Motherboard prévoit même «un désastre» pas du tout prêt à être commercialisé.
L'autre point de préoccupation cité par les documents concerne la vie privée. Pour que le robot fonctionne bien, c'est-à-dire qu'il soit en capacité de reconnaître les occupants de la maison par rapport à d'éventuels étrangers, il doit collecter un maximum d'informations sur votre comportement et votre maison. Pour ce faire, le robot cartographie entièrement la maison de l'utilisateur, qu'il va suivre comme un petit chien pour apprendre son comportement.
Lorsqu'il détecte une personne inconnue, Astro va démarrer «un travail d'enquête» pour l'étudier, et va automatiquement enregistrer le son et les mouvements de celle-ci. L'un des ingénieurs s'inquiète ainsi de «la facilité avec laquelle nous avons tendance à divulguer notre vie privée en échange de plus de commodités».
Sur écoute
Bien entendu, Amazon se défend de toutes ces accusations. «Ces affirmations sur les performances, le mât ou les systèmes de sécurité d'Astro sont inexactes. Astro a passé des tests rigoureux à la fois pour la qualité et la sécurité, dont plusieurs dizaines de milliers d'heures de tests avec des participants à la phase bêta», a répondu à Motherboard Kristy Schmidt, la directrice principale des relations publiques pour les appareils et les services chez Amazon.
Ce n'est pourtant pas la première fois que le groupe se voit accusé de graves manquements à la vie privée. En 2019, Bloomberg avait ainsi montré comment les conversations enregistrées par l'enceinte connectée Amazon Echo étaient en fait écoutées par des salariés du géant américain.
En 2020, une étude de l'université de Northeastern expliquait que les assistants vocaux tels qu'Alexa se mettent en marche accidentellement jusqu'à dix-neuf fois par jour. En réalité, tous les appareils présentés comme «intelligents» se basent sur l'exploitation des données personnelles pour bien fonctionner. Le prix à payer pour se doter d'un compagnon électronique est donc l'abandon total de votre vie privée au concepteur de la machine. Tout cela pour un robot même pas capable de vous apporter une canette de bière.