La petite passe d'arme entre Elon Musk, patron de Tesla, et John Krafcik, CEO de Waymo, n'est pas passée inaperçue. Dans une interview au magazine allemand Manager Magazin publiée le 2 janvier, le second n'a pas mâché ses mots quant aux prétentions d'autonomie des véhicules Tesla.
Selon lui, Tesla n'est même pas un concurrent de sa firme, filiale d'Alphabet, donc de Google, dans le domaine hautement désirable des véhicules autonomes. Pire, il affirme que la voie empruntée par les équipes d'Elon Musk pour libérer totalement les autos des humains n'est, fondamentalement, pas la bonne.
Selon lui, «développer un système d'assistance à la conduite jusqu'à en faire un jour, comme par magie, un système pleinement autonome est une idée fausse». Il ajoute que Tesla a conçu un très bon logiciel d'assistance à la conduite, mais doute que ses véhicules puissent un jour massivement prendre la route sans intervention de la personne assise derrière le volant.
En avril 2019, Elon Musk promettait qu'un million de Tesla autonomes seraient sur les routes du monde dès l'année suivante. La firme est, sans surprise, quelque peu en retard sur ces folles prédictions.
En octobre 2020, elle offrait à une poignée de cobayes une version bêta de son système de conduite sans pilote. L'autorité de régulation américaine reprenait cependant de volée les fanfaronneries marketing de la firme.
Elle expliquait qu'il n'existait pas sur le marché commercial de tel véhicule pleinement autonome, et qu'un être humain devait être derrière le volant en tout temps –une nécessité vitale confirmée par les vidéos de la chose en fonctionnement, publiées ici ou là.
4. Map challenges 📍
— Oliver Cameron (@olivercameron) October 24, 2020
FSD appears to not detect this median, and thus tries to drive down the wrong side of the road.
Is this an “edge case” to iron out, or is it a monstrously large technical challenge to infer road rules in real-time? pic.twitter.com/zmxlLAA1gz
En avance ou en retard?
Dans le même temps, Waymo passait un cap important: elle annonçait élargir progressivement à un plus grand public son offre de «robotaxis» Waymo One dans la ville de Phoenix, en Arizona, où elle développe ses propres systèmes autonomes.
Piqué au vif, Elon Musk n'a bien sûr pas tardé à répondre à John Krafcik via son canal de communication favori, Twitter. En quelques mots, il a ainsi affirmé que Tesla disposait d'une plateforme logicielle et matérielle dédiée à l'IA plus solide que Waymo.
To my surprise, Tesla has better AI hardware & software than Waymo (money)
— Elon Musk (@elonmusk) January 25, 2021
Il a également rappelé, d'un simple «(money)», que les deux firmes ne jouaient pas –encore– dans la même division. Selon John Krafcik, les voitures autonomes de Waymo coûteront aux alentours de 100.000 dollars (83.000 euros environ), tandis que l'un des objectifs majeurs de Tesla est de rendre ses véhicules accessibles au plus grand nombre, avec un tarif environ trois fois moindre aux États-Unis pour une Serie 3 «de base».
Si Tesla réussit son pari et fait homologuer un véritable système de conduite pleinement autonome, ce coût d'entrée ainsi que son avance industrielle évidente pourraient être un coup fatal porté à Waymo lorsque se mettra en place le système de robotaxis partagés que Musk appelle de ses vœux.