Depuis 2010, le nombre de piétons tués par des voitures aux États-Unis n'a presque jamais cessé d'augmenter. Les projections indiquent que l'année 2018 a été la plus meurtrière depuis 1990. Sur la même période, le nombre total de décès sur la route a pourtant baissé de 7%.
Ce danger accru pour les personnes à pied serait imputable à un nombre croissant d'automobilistes, à l'utilisation des smartphones au volant, à la consommation de drogues et d'alcool, ainsi qu'à la popularité des SUV qui, hauts et lourds, font courir des risques plus importants de choc mortel.
Afin de réduire le nombre d'accidents, les constructeurs automobiles ont une solution toute trouvée: des voitures intelligentes, bardées de capteurs, pouvant détecter les piétons et les autres véhicules et réagir en conséquence, notamment grâce au freinage automatique d'urgence.
Cette solution est globalement vue comme le futur de l'automobile. En avril 2019, le Parlement européen a ainsi décidé que tous les nouveaux modèles de véhicules mis sur le marché après 2022 devront être équipés de cette technologie.
Résultats peu concluants
Seulement, même s'ils sont prometteurs, ces systèmes sont encore balbutiants. L'American Automobile Association (AAA) a conduit un test sur circuit, lors duquel des voitures de différentes marques (Tesla, Honda, Chevrolet et Toyota) équipées de freinage automatique d'urgence étaient lancées sur des mannequins dans divers scénarios.
Les résultats sont loin d'être concluants. Lorsque le mannequin a une taille d'enfant, seules 11% des collisions ont été évitées. Pire, lorsqu'il est présent juste après un virage ou qu'il traverse la rue de nuit –des situations d'accidents très fréquentes–, les systèmes de détection sont quasiment inopérants.
Cela ne signifie pas pour autant que la technologie est complètement inutile. De fait, elle permet d'éviter certaines collisions ou de ralentir avant l'impact. Mais elle n'est au mieux qu'un outil pour assister la personne au volant, surtout pas un moyen de la remplacer.
Des questions subsistent quant au futur de ce type de système, car les constructeurs automobiles ne s'en cachent pas: il ne s'agit que d'une transition vers des véhicules entièrement autonomes.
En 2016, Elon Musk, PDG de Tesla et fervent partisan des voitures autonomes, déclarait à des journalistes que «si en écrivant quelque chose de négatif, vous dissuadez des personnes d'utiliser des véhicules autonomes, vous tuez des gens». Les présenter comme une solution imparable aux accidents pourrait bien être encore plus dangereux.