A priori, tout le monde sait désormais que ses activités en ligne sont récupérées, analysées et souvent revendues par les entreprises du web. Ordinateurs, smartphones et enceintes connectées sont autant de petites fenêtres ouvertes sur nos intimités.
Seulement, les outils considérés comme high-tech ne sont pas les seuls à enregistrer nos faits et gestes. Un journaliste du Washington Post a décidé de solliciter l'aide d'un expert pour désosser et hacker une voiture, afin de déterminer ce qu'elle sait de l'automobiliste qui la conduit.
La réponse est: à peu près tout. Historique de localisation GPS, compte rendu détaillé des appels, liste de contacts accompagnés de leurs numéros, e-mails et photos, performances du véhicule, type de conduite de la personne derrière le volant, horaires de conduite, tout est enregistré.
Les voitures ne sont pas uniquement dotées d'un ordinateur interne mais aussi de dizaines de «cerveaux» interconnectés, qui produisent énormément de données et sont parfois physiquement inaccessibles.
Données à vendre
L'automobile étudiée pour l'expérience était une Chevrolet, construite par General Motors, une entreprise qui a déjà vendu onze millions de véhicules équipés de la 4G. Grâce à cette technologie, les données peuvent être envoyées au constructeur, en plus d'être stockées dans l'appareil.
De plus en plus de voitures sont fournies avec une connexion internet intégrée. L'option est déjà disponible sur de nombreux modèles récents et devrait se généraliser dans les années à venir, avec l'arrivée de réseaux 5G ultra-rapides typiquement destinés à ce genre d'usage.
Interrogé par le Washington Post, un porte-parole de General Motors assure que ces données sont avant tout récoltées et analysées pour améliorer la sécurité des véhicules. Mais comme les entreprises du web, les constructeurs automobiles ont bien compris qu'ils disposaient, sous leur nez, de quantités faramineuses du nouvel or noir que constituent les données personnelles.
En octobre 2018, General Motors expliquait à la Detroit Free Press qu'il pouvait savoir dans quel restaurant une voiture s'arrête ou quelle station de radio elle utilise.
D'après l'entreprise, ces informations pourraient dans un futur proche intéresser le milieu de la publicité. Le constructeur pourrait alors choisir d'agir comme Facebook et Google, en vendant des données aux annonceurs.