Votre voiture dispose peut-être déjà d'un micro, d'un assistant virtuel ou d'une caméra traquant votre regard. Bientôt, elle sera également dotée d'un algorithme qui détectera vos émotions, interprétées en lisant les expressions de votre visage.
Si le système détecte que la personne au volant est en colère ou regarde son téléphone, il pourra émettre un avertissement –selon les constructeurs automobiles. La machine pourrait aussi déployer les airbags de manière plus efficace en cas de collision si elle sait comment les enfants à l'arrière sont positionnés au moment de l'impact.
Mais les crises répétées de ces dernières années le montrent, l'exploitation de ce type de données se fait dans une opacité certaine et un marché très peu réglementé. Cela n'empêche pas Cerence, une entreprise clamant que sa technologie est déjà installée dans plus de 325 millions de véhicules, ou d'autres firmes comme Affectiva, Xperi, Eyeris, de vouloir participer à l'un des chapitres montant du capitalisme de surveillance: celui des données comportementales.
«Ce que nous cherchons, c'est à partager ces données avec les constructeurs et les aider à les monétiser», a déclaré Prateek Kathpal, l'un des directeurs de Cerence, cité par Motherboard
La surveillance en roulant
Identifier les émotions permettrait a priori de prédire avec beaucoup plus de précision les habitudes, désirs et réactions de la clientèle. Une perspective alléchante pour les entreprises de publicités, qui profitent déjà depuis longtemps de ce genre de données grâce à Google ou Facebook, entre autres.
Depuis leurs débuts, ces sites et plateformes scrutent de près, à l'insu des individus, les points d'exclamation, likes et réactions, les photos, les clics ou encore les partages des personnes les utilisant, afin de mieux les cerner.
Le cas spécifique des émotions dans la voiture intéresse aussi et surtout la police américaine, qui demande depuis des années à pouvoir accéder aux données collectées par les voitures intelligentes. Les compagnies d'assurances pourraient également tirer parti de ce genre de données pour moduler leurs contrats individuels.
Cela est surtout vrai en Amérique et en Asie où les garde-fous sont encore peu nombreux autour de ce genre de pratiques. Chaque constructeur automobile est responsable de la création et de l'application de ses propres conditions d'utilisation, pour chacune de ses technologies.
En Europe, ces pratiques sont davantage encadrées. Aucune information ne doit quitter le véhicule sans l'accord explicite de sa ou de son propriétaire ainsi que des personnes à bord. Par ailleurs, la voiture ne doit pas collecter plus de données que celles qui sont nécessaires à son bon fonctionnement et à la sécurité du conducteur ou de la conductrice.