Parmi les destructions massives commises par les forces russes depuis les premiers jours de l'invasion de l'Ukraine en février, une a une saveur particulière: celle de l'avion Antonov An-225, surnommé «Mriya» («Rêve» en français), et qui fut longtemps l'une des plus grandes fiertés technologiques de la nation.
Plus gros avion au monde, cargo précieux pendant les premiers mois de la pandémie de Covid-19, capable de transporter deux fois plus de poids qu'un Boeing 747, ou de porter sur son dos la navette spatiale russe Bourane, l'appareil ukrainien n'existait qu'en un exemplaire fonctionnel. Il constituait un outil précieux pour la chaîne logistique mondiale grâce à ses six moteurs, ses dimensions et sa capacité d'emport hors normes.
This was the world’s largest aircraft, AN-225 ‘Mriya’ (‘Dream’ in Ukrainian). Russia may have destroyed our ‘Mriya’. But they will never be able to destroy our dream of a strong, free and democratic European state. We shall prevail! pic.twitter.com/TdnBFlj3N8
— Dmytro Kuleba (@DmytroKuleba) February 27, 2022
Il ne reste rien de l'An-225 "Mriya" sur l'aéroport de Hostomel..qui ressemble de plus en plus à celui de Donestk en 2014
— Harry Boone (@Harry_Boone) March 4, 2022
-> Pour le transport aérien de fret "hors gabarit"; reste une douzaine d An-124 du russe Volga Dniepr (sous embargo) et 5 An-124 ukrainien disponibles.😬 https://t.co/kUAbMFJe5n pic.twitter.com/3OOBQDZDy6
L'appareil a été détruit par les troupes russes d'élite lors de la bataille calamiteuse pour la prise de l'aéroport de Hostomel, aux premiers jours de la guerre. «Nous vaincrons!», déclarait alors sur Twitter Dmytro Kouleba, ministre ukrainien des Affaires étrangères, en annonçant la nouvelle à ses concitoyens.
Les ailes du désir
Et dans sa lutte permanente pour reconstruire tout ce que son voisin a démoli, l'Ukraine pourrait en effet bientôt vaincre. La société Antonov a ainsi affirmé que le travail de renaissance de l'An-225 avait déjà commencé.
Dans un entretien donné au quotidien allemand Bild et publié le 8 novembre, le patron d'Antonov, Yevhen Havrylov, explique que le nouvel appareil est construit dans un endroit tenu secret, constitué de pièces sauvées de celui détruit sur l'aéroport de Hostomel et d'autres provenant d'un second exemplaire, qui n'avait jamais été terminé et dormait dans un hangar.
Mais comme le note Bloomberg, Antonov a dû préciser les propos de son patron au travers d'un post publié sur Facebook le même jour: selon la firme, si le travail a bien commencé, il ne pourra se terminer qu'une fois la guerre finie.
Il est également expliqué que 30% de pièces sont déjà utilisables pour la renaissance du «Rêve» ukrainien, et que le coût du programme était estimé à «au moins 500 millions de dollars [soit 498 millions d'euros, ndlr]».
La question du financement d'une reconstruction qui pourrait largement dépasser cette somme se pose toutefois de manière assez crue: l'entrepreneur britannique Richard Branson s'est, il y a quelques mois, déclaré intéressé par cette renaissance, et Yevhen Havrylov a expliqué au Bild que la vente de produits dérivés du «Mriya» pourrait apporter quelques fonds.
Un crowdfunding international, art dans laquelle les Ukrainiens sont passés maîtres, pourrait également être imaginé pour permettre à l'An-225 de retrouver les airs.