L'espion espionné. | U.S. Air Force / Staff Sgt. Robert M. Trujillo via Dvids
L'espion espionné. | U.S. Air Force / Staff Sgt. Robert M. Trujillo via Dvids

Malin: le U-2 «Dragon Lady», l'avion espion américain qui a espionné le ballon espion chinois

Et si Washington en avait plus appris sur Pékin que l'inverse?

L'affaire a fait grand bruit début février et ses échos continuent de se faire entendre. Un ballon chinois de surveillance, plus vraisemblablement espion que météorologue, a survolé, plusieurs jours durant, le territoire américain et des installations sans doute hautement sensibles.

Avant qu'un second ballon de la même origine ne soit détecté au-dessus de l'Amérique latine, ce premier indésirable s'est fait abattre par un missile AIM-9X Sidewinder, lancé par un F-22 «Raptor» au large de la côte de Caroline du Sud.

C'est, bien sûr, fort embêtant. D'autant que cette mésaventure intervient à un moment diplomatiquement particulier entre la Chine et les États-Unis, dont les relations balancent entre grandes tensions autour de Taïwan et dans le Pacifique, révélations d'un discret soutien chinois de la Russie dans la guerre opposant Kiev à Moscou, et timides envies de se rabibocher.

Aux États-Unis, les Républicains ont sauté sur l'occasion pour vertement critiquer Joe Biden, l'accusant de laxisme et d'avoir trop lentement réagi face à cette agression qui ne disait pas son nom, oubliant au passage un peu vite que l'administration Trump a elle aussi connu le même type d'incursion.

De logiques raisons sécuritaires ont été mises en avant pour justifier l'attente avant d'abattre le ballon chinois: des débris auraient pu tomber sur des populations ou installations au sol, ou perturber et mettre en danger le trafic aérien. Mais The War Zone nous apprend surtout, grâce à des informations glanées auprès de gradés du Pentagone, que ce temps passé à laisser le bidule flotter au-dessus du territoire américain a été mis à profit pour tout autre chose.

Les États-Unis auraient en effet envoyé deux avions espions, des Lockheed U-2 «Dragon Lady», se positionner en surplomb du ballon chinois pour le surveiller, l'analyser, le décortiquer sous toutes les coutures. Une manière d'en apprendre beaucoup sur le type de renseignements que Pékin cherche à réunir avec ses aérostats, et ce avant même de (peut-être) retrouver les débris de la chose dans l'Atlantique.

Tel est pris qui croyait prendre

L'utilisation du U-2 «Dragon Lady» à cette fin fait complètement sens: conçu par le constructeur Lockheed Martin, ce fameux avion espion à l'envergure folle est le seul appareil américain («à notre connaissance» du moins, ajoute très justement The War Zone) à être capable d'atteindre une altitude suffisante (70.000 pieds environ) pour une telle mission.

Pourquoi avoir besoin d'un aéronef pouvant voler au-dessus du ballon chinois? D'abord pour observer ce qui aurait pu se cacher dans son enveloppe, mais aussi, et sans doute surtout, pour analyser les éventuelles communications pouvant avoir lieu entre l'aérostat et des satellites militaires chinois, avant d'être transmises à Pékin.

Car en matière d'analyse, le U-2 sait et peut tout faire, ainsi que l'explique The War Zone. Doté d'une infinité d'instruments, d'appareils et de capteurs aux multiples spécialités, adaptable à chaque mission grâce, entre autres, à un système de conteneurs à sections interchangeables, le «Dragon Lady» peut prendre des photos, y compris infrarouges et peu importe la météo, ainsi qu'analyser divers types d'ondes radars et les communications électroniques émises ou reçues.

Bref: si le ballon a pu, de prime abord, sembler être un mystérieux objet aux missions sibyllines, il est fort possible que les U-2 lancés à sa poursuite par le commandement de la défense aérospatiale de l'Amérique du Nord l'aient suffisamment observé pour qu'il n'ait plus beaucoup de secrets pour le gouvernement des États-Unis.

C'est d'autant plus important que si cette affaire a fait grand bruit, elle est loin d'être une première, ni aux États-Unis ni au sein des grandes nations en général, qui s'espionnent les unes les autres depuis que l'espionnage existe. Chaque année, de très nombreuses rencontres avec de mystérieux objets volants non identifiés sont en effet rapportées par les pilotes américains –ils sont officiellement nommés «unidentified aerial phenomena» ou UAP et sont étudiés par une «task force» dédiée.

Ces rencontres du troisième type, qui ont récemment été répertoriées dans un rapport officiel, n'en sont généralement pas: il peut s'agir d'objets destinés à l'espionnage mais n'ayant jamais été vus auparavant, et il est très régulièrement question d'aérostats.

C'était par exemple le cas d'étranges cubes insérés dans des ballons, rencontrés en 2014-2015 par des pilotes de la marine américaine, quelque peu éberlués. Selon The War Zone, il ne s'agissait a priori par d'objets d'outre-espace, mais plus vraisemblablement d'appareils destinés à tester les défenses aériennes américaines, notamment les capacités radar du pays.

Comprendre ce que les autres cherchent à comprendre est crucial: c'est aussi de cette manière que les failles dans ses propres défenses peuvent être comprises et, si nécessaire, comblées. La réaction de Joe Biden face au ballon chinois n'a donc sûrement rien de tardive. Le président américain a plus vraisemblablement accordé tout le temps qu'il leur fallait à ses U-2 pour jouer le tour de l'arroseur arrosé à Pékin.

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