Boeing parviendra-t-il à rebondir? Les défaillances du 737 MAX, qui ont provoqué deux crashs mortels et des centaines de morts, ont sérieusement entamé la réputation de l'avionneur. Cela ne l'a pourtant pas empêché d'effectuer le premier vol test de son nouveau 777X, le 25 janvier dernier.
L'engin se décline en deux versions, le 777-8 (70 mètres de long, 384 sièges) et le 777-9 (74 mètres de long, 426 sièges). Ce dernier est le plus grand avion bimoteur jamais construit. Les deux modèles présentent des innovations importantes en ce qui concerne la propulsion et les ailes.
GE Aviation a conçu le GE9X, présenté comme le moteur le plus éco-énergétique fabriqué par l'entreprise, spécialement pour les nouveaux très longs-courriers Boeing. Plus léger que son prédécesseur, le GE90, il enregistre une puissance jamais vue sur de tels modèles, équivalente à 45 tonnes.
Fais comme l'oiseau
Plus les ailes d'un avion sont longues et fines, plus le frottement de l'air est faible. «Du point de vue de l'aérodynamisme, on voudrait une envergure infinie. Mais il y a évidemment des limites en matière de fonctionnement dans les aéroports», détaille Hossein Zare-Behtash, maître de conférences en sciences aérospatiales à l'université de Glasgow.
C'est précisément ce qui explique l'échec commercial de l'Airbus A380, dont la production s'arrêtera en 2021: peu d'aéroports pouvaient accueillir ses ailes de 80 mètres.
De leur côté, les deux versions du 777X disposent d'ailes en matériau composite dont les extrémités peuvent se replier: elles mesurent 72 mètres dans les airs, mais seulement 65 mètres au sol.
L'astuce devrait permettre une réduction de la consommation de carburant de 5% (10% en tout, avec l'apport du moteur). «Le 777-9 aura le coût d'exploitation par siège le plus bas de tous les avions commerciaux», assure Boeing.
Les constructeurs rêvent déjà d'ailes pouvant se plier en deux et donc doubler leur envergure en vol. La consommation de carburant pourrait alors baisser de 20%. «Nous voulons arriver à un point où les ailes des avions sont comme des ailes d'oiseaux», explique Mudassir Lone, maître de conférences en dynamique de vol à l'université de Cranfield, qui travaille sur les ailes pliables chez Airbus.
Reste à s'assurer que ces innovations préserveront la sécurité des passagèr·es. Attaqué pour son laxisme sur le 737 MAX, le régulateur américain a promis une surveillance étroite du 777X.