Les compagnies aériennes feront bientôt face à un nouveau concurrent: la voiture autonome. | Chris Leipelt / Unsplash

Les compagnies aériennes feront bientôt face à un nouveau concurrent: la voiture autonome. | Chris Leipelt / Unsplash

L'aviation civile a-t-elle un avenir?

Polluants et pas assez rentables: pour trouver un nouvel élan, les avions de demain seront plus verts ou ne seront pas.

Depuis la fin du mois de mai, un amendement à la loi d’orientation des mobilités proposé par Delphine Batho et une proposition de loi portée par François Ruffin font grand bruit. Ces deux initiatives aux modalités et à l'amplitude différentes visent à interdire une grande partie des vols intérieurs dès lors qu'ils peuvent être remplacés par un voyage en train.

Ça eût plané

Le but est de réduire l’impact écologique des activités liées à l’aviation, qui fonctionne à grand renfort de kérosène, un carburant très polluant et brûlé en grande quantité par les aéroplanes. À ces pressions écologistes s'ajoute une situation très concurrentielle qui sévit depuis quelques années dans l’aviation civile poussant les compagnies à rogner leurs marges.

L’industrie a donc cruellement besoin de se réinventer si elle veut survivre à une époque où il semble de plus en plus évident qu’un aller-retour transcontinental pour quelques centaines d’euros à peine n’est plus un modèle viable à long terme.

D’autant que l’aviation fera bientôt face à un nouveau concurrent: la voiture autonome. Une étude récente affirme que lorsque les véhicules personnels permettront d'effectuer des longs trajets sans intervention du conducteur, les court-courriers prendront du plomb dans l'aile. Un risque d'autant plus grand dans les pays qui ne disposent pas d'un bon maillage ferroviaire.

Designs futuristes

Air France-KLM a récemment dévoilé qu’elle travaillait sur un prototype d’aile volante en forme de «V» baptisée Flying-V. Conçu en partenariat avec l’université de Delft aux Pays-Bas, cet avion, grâce à sa forme novatrice, permettrait d’économiser 20% de carburant.

Impressionnant, l’appareil peut abriter 314 passagèr·es à l’intérieur de ses ailes, qui constituent en réalité l’intégralité de l’avion. Détail important, il reste assez petit pour être compatible avec les infrastructures aéroportuaires existantes.

Alors que chaque litre de kérosène est précieux pour des compagnies aériennes qui peuvent parfois décider de renouveler une flotte entière pour gratter quelques pourcents d’économie de carburant, le Flying-V, s'il remplit ses promesses, pourrait provoquer un Big Bang dans l’industrie.

L’appareil au look futuriste n’est pas le seul sur son créneau. La Nasa collabore avec Boeing pour créer un véhicule similaire, inspiré du design du bombardier furtif Northrop B-2 Spirit. Le X-48 a ainsi réussi un vol test en 2013 et doit désormais servir de base pour la construction d’avions de ligne «verts».

Ne plus «avoir honte de prendre l'avion»

Seulement, même si une diminution de 20% des émissions est non-négligeable, un avion de ligne reste une machine à brûler du kérosène. Pas sûr que «vert» soit le terme approprié. Pas sûr non plus que cela suffise à enrayer le «flygskam» ou «honte de prendre l'avion», en suédois. Un mouvement écologiste de boycott du transport aérien.

Pour ce faire il faudra encore attendre une révolution bien plus radicale que ces vingt petits pourcents. La solution qui vient immédiatement à l’esprit est celle de l’électrique –plusieurs sociétés se penchent sur ce type de projets, qui ne viennent pas sans leur lot de complications.

Les batteries électriques existantes ne sont pour l’instant ni assez performantes ni suffisamment sécurisées pour des vols commerciaux. Plusieurs appareils hybrides ou entièrement électriques sont en développement, mais ils sont petits et inopérants pour concurrencer les avions de ligne. D'autant que la plupart d'entre eux ne verront le jour qu'à l’horizon 2030.

Comme pour les voitures électriques, des spécialistes rêvent de remplacer batteries et moteurs par une pile à combustible alimentée à l'hydrogène, pour des avions très rapides à recharger et qui ne rejeteraient que de la vapeur d'eau. Mais les moteurs à hydrogène ne sont encore que des prototypes dans l'automobile et la production en grande quantité de H2 reste écologiquement coûteuse. Là encore, c'est une technologie qui ne sera viable qu'à très long terme –si elle l'est seulement un jour.

À contre-courant de ces ambitions, plusieurs start-ups ont pour objectif de remettre les vols supersoniques sur le devant de la scène, ce qui ne manquera pas d'augmenter le prix des billets. L’entreprise Boom a ainsi levé 100 millions de dollars en début d’année pour un premier vol prévu en 2023.

Si Boom promet un avion plus écolo qu’autrefois, pas sûr que des avions très chers et luxueux, aussi rapides qu'ils soient, ne soient capables de convaincre les partisans des solutions alternatives à l'aviation.

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