Adieu, pépère. | Daniel Eledut via Unsplash
Adieu, pépère. | Daniel Eledut via Unsplash

Comment recycle-t-on un A380?

Tout est bon, dans l'avion.

Avec ses deux étages, ses réacteurs massifs, son confort et son silence, l'A380 fut une gloire pour l'aéronautique européenne, un plaisir pour ceux qui ont pu l'emprunter, un aéronef particulièrement aimé des amateurs de choses volantes.

Gros, l'A380 l'est. Un peu trop pour le marché de l'époque: prouesse technique incontestable, l'avion a aussi été un fiasco commercial assez patent.

Et si quelques compagnies ont décidé de sortir (pour un temps seulement) certains de leurs aéronefs de la naphtaline, si Airbus a imaginé un avenir expérimental pour son massif bébé, fabriqué à 251 exemplaires seulement, la plupart des opérateurs se débarrassent petit à petit de leurs exemplaires.

L'espérance de vie de l'A380, mis en service pour la première fois en 2005, a donc été des plus courtes. «L'A380 est clairement l'un des avions les plus jeunes à être recyclés, indique à CNN Geoff Van Klaveren, spécialiste pour la firme IBA. Normalement, un avion peut espérer rester en opération vingt-cinq ans avant d'être mis au rebut.»

En l'occurrence, si beaucoup d'avions volent encore, d'autres ont déjà été mis de côté, à jamais, par les compagnies qui les opéraient. Que fait-on d'un tel mastodonte, une fois que l'on veut s'en débarrasser? On le recycle, explique CNN, qui consacre un article à Tarmac Aerosave, l'une des rares entreprises disposant des installations et des compétences nécessaires pour le faire.

Un peu comme dans le cochon, mais avec des ailes, tout est bon dans l'A380. Son recyclage sert notamment à la récupération de pièces détachées qui, après de sévères contrôles et vérifications, viennent alimenter le parc d'aéronefs encore en activité.

«Il est plus difficile de se débarrasser d'un A380, dans le sens où le marché pour les pièces détachées est plutôt limité, analyse Geoff Van Klaveren. Ceci dit, avec une structure en aluminium, il est plus simple que des appareils comme l'A350 ou le Boeing 787, dont les cellules en matériaux composites ne peuvent actuellement pas être recyclées, et sont simplement découpées puis enterrées ou stockées.»

Pour effectuer ce désossage géant et quasi intégral, Tarmac Aerosave dispose de hangars spéciaux, à la démesure de l'avion à recycler. «Ça commence par la réutilisation et l'extension de la durée de vie des différents composants de l'appareil, comme on peut le faire à la maison», décrit Lionel Roques de Tarmac Aerosave à propos de cette «cannibalisation» destinée aux aéronefs encore en service.

Moteurs, avionique, trains d'atterrissage: tout ce qui peut être récupéré et peut encore resservir est ainsi démonté pour, après des contrôles et une gestion permettant leur traçabilité intégrale, être revendus et réutilisés. Il arrive que des pièces soient envoyées à des écoles de mécanique, pour que les apprentis experts puissent se faire la main sur un matériel véritable.

Avion de la casse

La deuxième phase du recyclage est la récupération des matériaux. «C'est quand nous séparons tous les différents matériaux, que ce soit de l'aluminium, du titane ou du cuivre, et nous assurons de les distribuer dans les bons canaux pour qu'ils puissent servir à fabriquer, demain, quelque chose de nouveau», décrit le cadre de Tarmac Aerosave à CNN.

Le processus est plus long et peut prendre plusieurs mois. L'A380 étant un oiseau des plus massifs, Roques explique que le matériel spécialisé comme la sécurité des salariés chargés de récupérer ces matériaux a dû être adaptée en conséquence. «Quand on a un mécanicien qui travaille sur le second étage de l'avion, c'est vraiment très haut.»

Tout ou presque peut être récupéré et recyclé, assure le représentant de Tarmac Aerosave, qui s'engage à essayer de recycler l'A380 «jusqu'à son dernier boulon». Plus concrètement, la firme a placé son objectif de recyclage à 90% de l'avion, en poids.

Il reste bien sûr des alliages impossibles à récupérer ou des matériaux dangereux, mais il n'est question que de 2 à 3% du total du poids de l'aéronef, dont on se débarrasse de manière traditionnelle.

Au total, l'opération coûte aux compagnies plusieurs millions d'euros, une somme qui n'a pas été rendue publique par Tarmac Aerosave. Mais il est possible de trouver d'autres sources de revenus dans ces A380 mis à la casse.

Parce que l'avion est admiré des collectionneurs, certains de ses éléments sont parfois vendus aux enchères, comme l'a fait Airbus en 2022, à Toulouse, au profit d'œuvres de charité. Des portes aux ceintures, des sièges aux différents panneaux de cet ex-avion d'Emirates, tout a trouvé preneur. Y compris le très luxueux bar qui faisait la gloire de l'appareil, vendu pour 50.000 dollars (environ 46.000 euros).

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