L'avion écologique, tous les constructeurs en parlent. Du kérosène vert au réacteur électrique en passant par l'avion à hydrogène, chacun y va de sa solution technologique.
Et si la clé ne venait pas de l'avion lui-même, mais plutôt de sa navigation? Rien qu'en modifiant l'itinéraire de vol, on peut économiser des quantités considérables de carburant.
En Europe, le SESAR (programme de recherche sur la gestion du trafic aérien dans le Ciel unique européen), prévu pour s'achever en 2024, doit permettre un triplement des capacités de trafic, une réduction de 10% de l'impact environnemental de chaque vol et une amélioration de sécurité d'un facteur 10.
Contrairement à ce qu'on pourrait penser, le trajet le plus court n'est pas forcément le meilleur. Le plan de vol prend ainsi en compte une multitude de paramètres: altitude, vents, température, conditions météo, performances de base et poids de l'avion, réglementation aérienne, ou encore espaces interdits de survol.
Autant de variables trop compliquées à ingurgiter par les répartiteurs, chargés de préparer ces plans de vol, qui se rabattent souvent sur des itinéraires «standards» pour chaque destination.
«Créer un itinéraire personnalisé prend tout simplement trop de temps», confirme Pacha Saleh, un pilote d'Alaska Airlines, sur Popular Science. La compagnie a récemment fait appel à Airspace Intelligence, une société qui conçoit des routes aériennes optimisées grâce à l'intelligence artificielle (IA). «Nous sommes la première compagnie à adopter cette technologie», se félicite Alaska Airlines.
Waze is in the air
Selon la compagnie, les itinéraires calculés par les algorithmes du système sont environ 5,3 minutes plus rapides que ceux conçus par les humains. Durant la période de test de six mois, elle affirme avoir économisé du carburant sur 64% des vols, soit 1,8 million de litres au total, et évité l'émission de 4.600 tonnes de CO2.
«Ce système est comparable à [l'application] Waze, qui vous recommande le meilleur itinéraire en fonction de la circulation», indique PopSci. En effet, non seulement le logiciel calcule le meilleur itinéraire possible en considérant les paramètres individuels du vol, mais il tient également compte de tout l'écosystème de l'espace aérien, par exemple l'occupation de la piste d'atterrissage ou l'encombrement de l'espace aérien.
Des données techniquement accessibles, mais complètement impossibles à prendre en compte pour un opérateur humain. L'algorithme d'apprentissage d'Airspace Intelligence a, quant à lui, ingurgité des millions de plans de vol, et il est même capable d'anticiper.
«L'IA prévoit ce qui va se passer jusqu'à six heures après le décollage, et va par exemple suggérer une direction différente pour éviter quelque chose sur la route», décrit Pacha Saleh.
Pour le moment, l'IA sert simplement d'aide à la prise de décision. Elle suggère un itinéraire et le répartiteur est libre de l'adopter ou pas. Mais on peut penser que la régulation aérienne sera un jour entièrement automatisée, tant le trafic aérien sera devenu complexe.
Nous aurons alors des avions sans pilotes, volant sur un plan de vol conçu par un algorithme. Seuls les passagers seront encore bien réels. Et en sécurité?