En matière de lutte contre la pollution et le réchauffement climatique, les compagnies aériennes sont très loin d'être des élèves modèles, ce qu'a récemment confirmé la polémique autour des 18.000 vols effectués à vide par Lufthansa.
Le géant allemand avait présenté le maintien de ces milliers de voyages inutiles comme un impératif, le but étant d'éviter de perdre des créneaux aéroportuaires. Une justification raillée par le patron de Ryanair, Michael O'Leary.
Hasard ou timing bien choisi? Depuis peu, la Federal Aviation Administration, agence gouvernementale chargée des réglementations et des contrôles concernant l'aviation civile aux États-Unis, semble bien décidée à se faire entendre sur ce sujet.
Axios relaie les grandes lignes du plan développé par l'agence américaine afin de consommer et d'émettre moins. Ce projet, déjà appliqué sur certains aéroports américains, va être élargi au cours des années à venir.
Le but de l'agence de régulation est aussi ambitieux que simple à formuler: zéro émission en 2050, du moins pour les vols intérieurs. Actuellement, l'aviation représente 11% du volume de gaz à effet de serre émis par les moyens de transports américains. Soit 3% de la totalité des émissions.
Comme des cyclistes
La modification des procédures de vol a de sérieuses conséquences sur la consommation des appareils, explique-t-on à la FAA. La phase de descente est particulièrement ciblée.
Traditionnellement, la perte d'altitude se fait progressivement, et par paliers: à des intervalles réguliers (dont l'ordre de grandeur est de plusieurs centaines de mètres), l'avion se stabilise, afin d'opérer une nouvelle phase de descente vers le palier suivant. Une technique qu'il convient aujourd'hui de modifier.
L'agence demande désormais aux pilotes de descendre de façon continue, ce qui leur permettrait de laisser l'avion quasiment inactif pendant toute cette phase. Pour un cycliste, cela reviendrait à cesser de pédaler pendant la descente d'une pente, et à se laisser glisser au lieu de mouliner pour rien.
En se laissant descendre de la sorte, les cyclistes peuvent se reposer durant quelques secondes et ne pas dépenser d'énergie inutile. Mais pour les avions américains, l'économie que cela représente est légèrement plus conséquente.
La FAA estime qu'en optimisant cette phase de descente et en étendant la mesure à tous les aéroports du pays, la consommation annuelle de kérosène diminuerait d'environ 7,5 millions de litres. Les émissions de gaz à effet de serre, elles, seraient réduites d'environ 18.000 tonnes.
«Cela équivaut au fait d'éliminer la consommation de carburant et les émissions de CO2 de 1.300 vols Atlanta-Dallas effectués par un Boeing 737», explique la FAA dans un communiqué. Le secrétaire américain aux Transports, Pete Buttigieg, s'est récemment félicité de cette avancée, se disant confiant quant à la possibilité d'atteindre l'objectif fixé pour 2050.