Au début des années 1970 et en pleine Guerre froide, l'armée de l'air américaine est très embêtée: depuis quelques années, ses services de renseignement lui indiquent que l'URSS est en train de développer un avion de chasse supérieur à tout appareil connu.
Le MiG-25, construit par Mikoyan-Gurevich, vole à une extraordinaire vitesse de 3.400 kilomètres par heure et ses larges ailes laissent penser qu'il dispose d'une excellente maniabilité.
Surnommé le «Foxbat» par l'OTAN, l'avion semble à l'époque surpasser les meilleurs engins américains. Pire, il ressemble beaucoup au F-15, un avion encore à l'état de prototype au même moment, et qui était pourtant censé apporter aux États-Unis un avantage décisif dans les combats aériens.
Pendant des années, le MiG-25 Foxbat fait donc trembler l'état-major du Pentagone. Tout change le 6 septembre 1976 lorsque Viktor Belenko, un pilote russe en plein divorce, fâché avec sa hiérarchie et fatigué de sa vie de soldat, décide de passer à l'ennemi.
Lors d'une mission d'entraînement à bord d'un MiG-25, Belenko simule un crash puis file, sous la couverture des radars, jusqu'au Japon. Arrivé au-dessus de l'archipel, il distance facilement les chasseurs venus l'intercepter puis se pose dans un aéroport civil.
Beaucoup de bruit pour rien
Les services de renseignement occidentaux ont alors du mal à croire à ce cadeau littéralement tombé du ciel: le déserteur vient de leur servir sur un plateau le mystérieux chasseur qui leur causait tant de soucis.
Avant que la pression à restituer l'appareil ne commence à monter, des spécialistes désossent l'engin et l'inspectent de fond en comble, raconte Popular Mechanics. Surprise, cette inspection révèle que les renseignements avaient très largement surestimé l'appareil.
En réalité, le Foxbat sacrifiait un certain nombre de fonctionnalités sur l'autel de la vitesse, car il répondait à un besoin très précis: l'interception des XB-70 Valkyrie, des bombardiers américains ultra-rapides capables d'échapper aux avions de chasse de la génération précédente.
Mais il n'était pas du tout capable dans le domaine du dogfight (combat aérien au canon). Ses larges ailes ne le rendaient pas plus manœuvrable, elles constituaient surtout un moyen d'équilibrer ses immenses réacteurs et son réservoir de 15 tonnes de carburant.
De même, bien qu'extrêmement rapide, le Foxbat ne l'était pas autant que ce que les États-Unis craignaient. Belenko révéla à la CIA que si l'avion avait bien atteint Mach 3,2 (4.000 km/h), ses moteurs avaient failli exploser lors du record. Cette vitesse limitait aussi grandement son rayon d'action.
Cerise sur le gâteau, le projet XB-70 Valkyrie n'avait pas abouti et le bombardier n'avait jamais été mis en service. Le Pentagone tremblait donc devant un avion conçu pour intercepter une menace qui n'a jamais existé.