De la Lituanie à la Bulgarie en passant par les cieux de la Pologne, de la Slovaquie, de la Hongrie, de la Roumanie et de la Serbie... Soit sept nations, dont six membres de l'OTAN, et leurs défenses aériennes mystifiées et laissées sans réponse.
Tel est le parcours assez fou qu'a effectué jeudi 9 juin un bien mystérieux petit bimoteur fantôme, retrouvé abandonné et le moteur encore chaud sur la piste cahoteuse de l'aéroport désaffecté de Targovichté, près du village de Buhovtsi en pays bulgare.
Phantom plane played with the nerves of six NATO countries – @EURACTIV https://t.co/ZjPfYDilAU Very mysterious indeed. We are planning to follow up
— Georgi Gotev & EURACTIV.bg (@GeorgiGotev) June 10, 2022
Comme le rapporte Euronews, les autorités bulgares se sont mises à la recherche de l'équipage de cet aéronef, souvent décrit comme un Beechcraft mais qui pourrait, selon The Drive et les médias lituaniens, être un Aztec.
Ayant débranché son transpondeur, système permettant son identification par les autres avions ou par les contrôles au sol, volant donc comme un fantôme, l'avion en question a décollé de Lituanie avant de faire un arrêt pour ravitaillement dans un aéroport hongrois, à Hajdúszoboszló.
Il s'y est posé comme une fleur et sans aucune autorisation préalable, a fait son plein puis est reparti avant que la police locale ne puisse faire son travail.
OTAN, suspends ton vol
Dans l'intervalle, l'avion n'est bien sûr pas resté totalement inaperçu. Dans un contexte de grandes tensions internationales, en particulier dans ce flanc est de l'OTAN en cours de renforcement, l'Aztec bleu marine a rencontré deux F-16 américains, deux F-16 roumains et deux Gripen hongrois, qui l'ont tous suivi de près pour prendre contact et essayer de comprendre ses intentions.
Few hours ago, a small plane flew over Hungary, was escorted by two Hungarian fighter jets until entered in Romania, where it was intercepted by 2 American fighter jets & 2 Romanian, was escorted until left Romania & entered in Bulgaria, being taken over by Bulgarian fighter jets pic.twitter.com/McJjSfCTxP
— ElectriX Tree (@electrixtree) June 8, 2022
L'avion volant trop bas pour une interception en bonne et due forme et, selon les autorités bulgares comme hongroises, ne représentant pas de véritable danger pour la sécurité des pays survolés, il a été décidé de ne pas aller plus loin que cette tentative de communication et ces signaux visuels.
Sans peur mais sans doute pas sans reproche, l'Aztec a donc ignoré les chasseurs venus à sa rencontre et a continué son petit bonhomme de chemin, jusqu'à cette fameuse piste de l'aéroport de Targovichté, abandonnée depuis des lustres et utilisée, l'été, à des fins agricoles par la population locale.
Son équipage mystère s'est ensuite évanoui dans la nature: jusqu'ici, nul ne sait qui il est, ni ce qu'il voulait. Comme le relate The Drive, les médias lituaniens ont réussi à retrouver la trace de l'homme à qui l'avion a été acheté, Bronius Zaronskis, lui-même pilote et directeur du Nida Air Park en Lituanie, sans que cela ne lève le mystère d'une quelconque manière.
«Ils n'étaient pas lituaniens. Je ne pourrais dire d'où ils étaient, peut-être ukrainiens, peut-être roumains, ou bulgares. L'un des hommes m'a parlé en russe... Je ne connais pas leur nom, ce n'était pas mon problème.» Seule la vente et le paiement de l'avion intéressaient Zaronskis, qui dit avoir signé avec une organisation dont il a depuis oublié le nom –une transaction aussi mystérieuse et fantomatique que le vol du 9 juin, en quelque sorte.
«Je l'ai vendu et j'ai dit au revoir à cet avion. J'essayais de le vendre depuis des années. Je ne savais pas où le mettre, donc j'étais content qu'ils me l'achètent. Je ne me souviens pas du nom de leur organisation, c'était écrit dans une langue étrangère», explique-t-il encore.
La justice bulgare saura peut-être lui faire retrouver un peu de mémoire, et les pays de l'OTAN en sont peut-être quittes pour une petite révision de leurs procédures en cas d'urgence aérienne.