Pourquoi faire du neuf quand on peut faire avec du vieux? C'est, peu ou prou, la question que s'est posée le Pentagone vis-à-vis de sa flotte de B-52 Stratofortress.
Conçus au sortir de la Seconde Guerre mondiale «avec une règle à calculer», comme l'ironise le Wall Street Journal, puis mis en service actif en 1955, ces bombardiers longue portée ont beau avoir roulé leur bosse pendant de longues décennies, ils devraient continuer à jouer un rôle décisif dans les guerres ou dissuasions du futur.
Leurs caractéristiques uniques en font en effet un support aussi précieux qu'inattendu dans la nouvelle stratégie militaire américaine, qui s'attelle désormais à contrer les deux grandes puissances que sont la Chine et la Russie.
Au sein des forces armées des États-Unis, l'heure est en effet à la réorganisation. Exit par exemple les chars lourds de l'US Marine Corps, jugés inutiles en cas de conflit face au rival chinois sur les îles pacifiques. Place désormais à l'IA, aux navires sans équipage et... à l'antédiluvien B-52 Stratofortress.
Avec ses huit moteurs, son importante envergure et son long rayon d'action, l'aéronef-star du Docteur Folamour de Kubrick a su se rendre indispensable, au point que le Pentagone a décidé que soixante-seize d'entre eux continueront à voler jusqu'en 2050 –après, tout de même, un petit passage au garage.
Relooking extrême
Selon le Wall Street Journal, la structure de l'avion sera préservée, tandis que ses moteurs, ses radios, ses cadrans et sa soute seront modernisés. L'objectif? Réorganiser la flotte des bombardiers américains, qui se composera à l'horizon 2030 du B-21 flambant neuf et de vieux B-52: le moderne allié à l'ancien.
Leurs rôles devraient être complémentaires: d'un côté, la centaine de B-21 furtifs auront pour mission d'échapper aux défenses aériennes ennemies, de l'autre, les B-52 modernisés auront pour fonction de larguer des bombes d'une plus longue distance.
Depuis 1948, le B-52 a eu plusieurs vies et a su profiter de l'échec des versions modernes de bombardier pour perdurer. Conçu à l'origine pour transporter deux bombes nucléaires, il a notamment été adapté pour charrier plus de 25 tonnes de bombes pendant la guerre du Vietnam.
Plus récemment, en Syrie et en Afghanistan, l'avion servait de plateforme pour larguer des bombes guidées par satellite. À l'avenir, il pourrait en transporter davantage, ainsi que des missiles hypersoniques.
Comme le précise le média américain, ce bombardier d'époque jouera donc un rôle fondamental dans un monde marqué par une opposition entre grandes puissances –États-Unis, Chine et Russie en tête.
Preuve de leur importance, plusieurs B-52 ont été déployés récemment au Moyen-Orient, mais aussi au-dessus de l'océan Pacifique, dans un différend avec Pékin pour le contrôle de la région. À ce rythme-là, ce bombardier pourrait bien finir par être centenaire.