Dans les zones défavorisées, la population utilise des groupes de discussion sur l'application pour échanger, en direct, des informations sur la vie du quartier. | Yasuyoshi Chiba / AFP
Dans les zones défavorisées, la population utilise des groupes de discussion sur l'application pour échanger, en direct, des informations sur la vie du quartier. | Yasuyoshi Chiba / AFP

Au Brésil, WhatsApp prend le relais quand l'État défaille

Trouver un bus ou éviter de tomber en pleine fusillade entre gangs, l'application sert à tout. Mais il y a un risque.

Au Brésil, WhatsApp est bien plus qu'une simple messagerie: elle permet aux plus pauvres de résoudre leurs problèmes quotidiens là où l'État fait parfois défaut. Plusieurs groupes de discussion sur l'application permettent d'échanger des informations sur la vie du quartier en direct –ce qui peut parfois leur sauver la vie.

Parmi les groupes WhatsApp très utilisés dans le pays, on retrouve ceux qui donnent en temps réel l'itinéraire des bus dans les banlieues, notamment à Rio de Janeiro, rapporte le média Rest of World.

S'y déplacer reste difficile et attraper un bus est un véritable challenge. Ainsi, chaque membre de la discussion informe au fur et à mesure de son trajet, en direct, les autres membres du groupe d'éventuels retards, de déviations, voire des places disponibles dans les véhicules. Une fonction que peinent à remplir les autres applications pour ces lignes spécifiques.

Ces défaillances étant nombreuses, des groupes WhatsApp autogérés prennent le relais dans les secteurs les plus variés. On trouve ainsi des messageries pour les personnes qui veulent trouver du travail dans leur quartier ou encore pour signaler des égoûts bouchés ou des ordures non collectées.

Il existe même une discussion signalant en temps réel les échanges de tirs entre gangs. Ainsi, lorsque des coups de feu surviennent dans une favela, les membres informent tout de suite les autres du danger –et ce bien avant les médias traditionnels.

«Les Brésiliens ne font pas confiance au gouvernement et aux institutions pour résoudre leurs problèmes», explique à Rest of World David Nemer, professeur d'études médiatiques à l'Université de Virginie, lui-même brésilien.

La débrouille est donc de mise et l'application connaît un succès fou: 120 millions de personnes sur 210 millions de Brésilien·nes ont un compte actif. En outre, pour les plus défavorisées, WhatsApp permet d'éviter le paiement de SMS grâce au Wi-Fi.

Au cœur de la désinformation

Cette omniprésence peut néanmoins s'avérer dangereuse, notamment en période électorale. À l'instar de Facebook lors de la campagne présidentielle américaine de 2016, WhatsApp a joué un rôle déterminant dans celle du Brésil en 2018.

Conscient·es de son importance, et ce dans toutes les classes sociales, les militant·es de Jair Bolsonaro l'ont abondamment utilisée pour propager des fake news et discréditer son principal opposant.

Selon le journal Folha de São Paulo, des entreprises soutenant le candidat d'extrême droite ont en effet payé des agences de marketing pour qu'elles y diffusent des messages défavorables à Fernando Haddad, son adversaire de l'époque.

De fausses informations établissant que son opposant encourageait la pédophilie homosexuelle ont ainsi déferlé sur ces messageries, que beaucoup utilisent pour contourner les médias traditionnels, ajoute le HuffPost. Bien que démenties par les médias du pays, ces infox ont contribué à sceller le sort du scrutin.

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