Le gaz naturel liquéfié (GNL) est présenté comme un carburant écologique. Sur son site, Elengie explique que le GNL «est la plus propre des énergies fossiles» et que son usage «contribue activement à la protection de l'environnement». Sauf que la réalité est légèrement différente.
L'ONG Transport & Environnement (T&E), qui dénonce régulièrement ce genre d'entourloupe, a fait réaliser un test comparatif entre un camion Iveco roulant au diesel et un autre roulant au GNL, en prenant en compte l'ensemble de son cycle de vie. Résultat: sur vingt ans, le camion au GNL émet 13,4% de plus de gaz à effet de serre que celui qui roule au diesel.
Cette différence s'explique par le méthane émis par le GNL, un gaz à effet de serre au pouvoir réchauffant quatre-vingts fois supérieur à celui du CO2. Sur 100 ans, l'effet s'inverse, car le méthane reste moins longtemps dans l'atmosphère que le CO2, mais la réduction de gaz à effet de serre en faveur du GNL n'est que de 7,5%.
Avantages fiscaux
Ce n'est pas tout: les camions roulant au GNL émettent également trente-sept fois plus de particules fines que leur équivalent diesel. «Même s'il font un peu mieux sur les oxydes d'azote (NOx), l'économie est loin d'atteindre les 80%, comme les constructeurs le prétendent, fustige T&E. «Les camions roulant au GNL sont présentés comme des sauveurs pour la qualité de l'air, mais les tests montrent qu'ils polluent beaucoup plus que les fabricants ne le prétendent», soutient Fedor Unterlohner, directeur du fret chez T&E.
Ces résultats contrastent avec ceux des tests officiels, qui estiment que les émissions de NOx sont réduits de 70% et les émissions de particules de 96% avec le GNL. Le constat de T&E concerne d'ailleurs non seulement le transport routier, mais aussi le transport maritime.
En janvier, le Premier ministre Jean Castex a inauguré le Jacques Saadé, le plus grand porte-conteneurs au monde propulsé au GNL, reprenant l'argument «l'énergie fossile est la plus propre». Ajoutez à cela que le GNL doit être refroidi entre -120 et -162°C pour être liquéfié et transporté, ce qui a un impact environnemental «difficile à nier», reconnaît Total.
Pour T&E, il est urgent de remettre en cause les avantages fiscaux dont profite le GNL. Ce dernier bénéficie en moyenne d'un prix 20% moins élevé que le diesel, avec des taxes équivalentes à 0,075 €/kg contre 0,59 €/L pour le diesel. L'ONG appelle également à mettre fin à l'installation de stations-service méthanières et au renouvellement des flottes de camions avec des véhicules au GNL.