Encore très coûteux, ce kérosène à l'empreinte carbone maîtrisée n'en est pas moins prometteur. | Kai Dahms via Unsplash
Encore très coûteux, ce kérosène à l'empreinte carbone maîtrisée n'en est pas moins prometteur. | Kai Dahms via Unsplash

L'Allemagne veut fabriquer du «kérosène vert» avec de l'eau

Le procédé a été préfiguré par... le Troisième Reich.

À court de pétrole, les nazis ont durant la Seconde Guerre mondiale fabriqué du carburant synthétique avec du charbon, du gaz naturel et même de la biomasse, en se basant sur les travaux des chimistes Franz G. Fischer et Hans Tropsch ou de Friedrich Bergius.

Toujours en Allemagne, des scientifiques ont récemment modernisé ces procédés, à l'origine très polluants, pour fabriquer du «kérosène vert» à partir d'eau et de carbone.

À l'aide d'une grande quantité d'électricité, les molécules d'eau sont séparées pour obtenir de l'oxygène et de l'hydrogène. Ce dernier est ensuite combiné avec du carbone capté dans l'atmosphère.

Le kérosène vert rejette celui-ci lorsqu'il est brûlé, mais à la différence des carburants fossiles, il ne libère pas dans l'air du carbone prisonnier du sol. Son bilan carbone est donc très faible, à condition d'utiliser des énergies renouvelables pour produire l'électricité.

La compagnie aérienne allemande Lufthansa, qui souhaite faire voler 5% de sa flotte au kérosène vert d'ici cinq ans, s'est tournée vers ce projet pilote, supervisé par l'université de Brême en partenariat avec le pétrolier Klesch. C'est dans sa raffinerie de Heide, en Schleswig-Holstein près de la mer du Nord, que le carburant est fabriqué. L'électricité est quant à elle produite localement par des éoliennes.

Technologie d'avenir ou greenwashing?

Le Canada et les États-Unis se sont eux aussi lancés dans la course, notamment avec Carbon Engineering, financée entre autres par Bill Gates. Mais il n'y a qu'en Allemagne, où la prise de conscience écologique est forte, que cette technologie bénéficie d'un véritable soutien des autorités, et en particulier d'Angela Merkel.

Pour le moment, le principal obstacle au développement du kérosène vert est son coût: les grandes quantités d'électricité nécessaires à sa production le rendent peu compétitif. «Nous devons [le] rendre pratique et économique», insiste le chimiste Ulf Neuling. Dans les conditions actuelles, convertir l'ensemble du transport aérien au kérosène vert renchérirait le prix des billets d'environ 60%.

Il est néanmoins urgent d'agir: selon les prédictions de l'ONU, le transport aérien pourrait devenir le plus gros émetteur de CO2 si les autres secteurs réduisent leur empreinte carbone comme ils s'y sont engagés –ce qui reste à voir.

Combiné à une diminution du trafic, le kérosène vert pourrait faire partie de la solution, à condition que les compagnies aériennes généralisent son usage plutôt que d'en équiper seulement quelques avions pour faire joli.

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