Utilisé par quatorze pays dans plus d'une dizaine de conflits de la seconde moitié du XXe siècle, il n'est peut-être pas le plus rapide des chars d'assaut mais dispose d'une bonne maniabilité et d'une bonne défense. Réunissant les qualités des chars de cavalerie et de ceux d'infanterie, le Centurion mérite son surnom de «tank universel». Le site Popular Mechanics revient sur l'histoire de l'engin qu'il qualifie de «badass».
Si le Royaume-Uni a développé ce char d'assaut, c'est parce que pendant la Seconde Guerre mondiale, le pays a pu constater que ses blindés n'étaient pas une grande réussite. Certes, certains tanks mobilisés pendant le conflit, comme le Crusader, étaient rapides, mais ils étaient trop faiblement équipés pour tenir face à l'Allemagne nazie; d'autres, à l'instar du Churchill, à l'armure plus épaisse, étaient trop lents.
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Ce qu'il fallait aux Britanniques, c'était un tank puissant, rapide et disposant d'une bonne protection. En 1944, naissaient donc les plans du fameux Centurion.
Petite production pour un grand char
Le tout nouveau char n'aura toutefois pas l'occasion de combattre les Panzer nazis: le premier prototype foule le sol en avril 1945, soit un mois avant la capitulation allemande. C'est dans les années 1950 que le Centurion connaît ses premiers combats, dans les montagnes servant de décor à la guerre de Corée, notamment lors de la bataille de la rivière Imjin (1951). Et il y parvient, sans grande difficulté, à grimper des pentes raides.
Si le char est britannique, Popular Mechanics note toutefois que les Anglais ne sont pas ceux qui ont le plus manié le Centurion. Pendant la guerre du Vietnam, ce sont les Australiens qui utilisent le char, tandis que dans les années 1980, les Sud-Africains développent une version améliorée de l'engin, l'Olifant, pour combattre lors de la guerre civile angolaise.
Seuls 4.423 Centurion ont été produits entre 1946 et 1962, une broutille par rapport aux près de 12.000 chars américains M48 Patton et plus de 90.000 T-54 et T-55 soviétiques. Et cela ne va pas aller en s'améliorant pour lui: dès la fin des années 1960, Londres remplace ses Centurion par des Chieftain. Des tanks puissants, mais pas aussi efficaces que leurs prédécesseurs.
La qualité au-delà de la quantité
Car malgré cette faible production, Popular Mechanics estime pourtant que le Centurion est l'un des meilleurs chars de son époque. Le M48 Patton est peut-être plus rapide, plus maniable et le T-55 plus petit, tout en étant puissant et bien blindé, mais le char anglais se révèle redoutablement efficace.
Pendant la bataille d'Asal Uttar, lors de la deuxième guerre indo-pakistanaise, les Pakistanais, équipés de M47 Patton –le modèle précédant le M48–, affrontent ainsi les Indiens, dotés de Centurion. Les premiers perdent soixante-douze engins, les seconds seulement une dizaine.
Mais le pays qui utilisera sans doute le plus le Centurion –ou du moins une de ses variantes– est Israël. Avec des éléments récupérés sur d'autres chars, ils créent le tank Sh'ot («fouet» en hébreu) et le déploient lors de la guerre du Kippour, en 1973. Face à 500 T-55 et T-62 soviétiques manoeuvrés par l'armée syrienne, une centaine de Sh'ot détruisent 250 de leurs rivaux.
Comparé aux blindés modernes comme le char américain M1 Abrams ou le tank israélien Merkava, successeur du Sh'ot, le Centurion et ses variantes ne font pas le poids. Mais il faut se souvenir que l'époque était bien différente. «Aujourd'hui, les gens ne comprennent pas comment on pouvait vivre sans climatisation alors qu'il faisait 38°C dehors», affirme Itamar Hatsor, lieutenant israélien qui a par le passé commandé un peloton de chars Centurion.«Mais quand j'étais enfant, il n'y avait pas d'air conditionné à la maison. Donc pour moi, le tank était confortable.»