Obtenir des soins en entraînant les intelligences artificielles médicales: c'est la promesse, peut-être venimeuse, de l'e-santé chinoise. | STR / AFP
Obtenir des soins en entraînant les intelligences artificielles médicales: c'est la promesse, peut-être venimeuse, de l'e-santé chinoise. | STR / AFP

Dans la Chine rurale, la médecine s'échange contre des données

Face à une pénurie de médecins, la Chine développe l’e-santé en milieu rural: une aubaine ainsi qu'un infini réservoir à data pour développer l'IA médicale.

Pour lutter contre les déserts médicaux et la pénurie de praticien·nes (on compte 1,5 médecin pour 1.000 personnes dans le pays), les villages chinois se dotent de centres d’e-santé. En apparence, c'est une véritable chance pour la population rurale, qui peut désormais réaliser un bilan santé sans avoir à se déplacer en ville.

Mais derrière nombre de ces centres mobiles, on retrouve WeDoctor, une entreprise privée appartenant à Tencent, un géant de la tech chinoise. Impossible pour les patient·es de le savoir, puisque le nom de la firme n’apparaît nulle part.

Aide au diagnostic

Au moyen du numéro d’identification fiscale, WeDoctor récupère les données des malades pour les utiliser dans le développement de son intelligence artificielle.

Parmi les systèmes mis en place, un programme de diagnostic permet au médecin, après avoir entré les symptômes de la personne concernée, de se voir suggérer un traitement adéquat. Celui-ci est calculé à partir d’une base de données répertoriant plus de 5.000 symptômes et 2.000 maladies. D’après WeDoctor, son logiciel offre un taux de précision de 90%.

Les projets de la sorte ne sont pas rares en Chine, où l’on estime que plus de 130 entreprises se sont lancées dans le secteur de la médecine connectée.

L’application Driver permet à des malades du cancer de se connecter au centre de traitement le plus proche et de profiter d’une consultation à distance. Alihealth, la filiale médicale du géant Alibaba, a déjà noué des partenariats avec trois des plus grands hôpitaux du pays pour lancer le «premier laboratoire d’intelligence artificielle» qui assiste les médecins dans leurs décisions et diagnostics cliniques.

Cette technologie ne bénéficie pas qu’aux zones rurales ou reculées. D’après PereDoc, une start-up basée à Pékin dont le logiciel est capable de détecter des nodules pulmonaires, «le volume des données médicales double presque tous les deux ans en Chine, tandis que le nombre de radiologistes n’augmente que de 4% chaque année».

Big Doctor is watching you

En Chine, il existe peu de lois sur la protection des données personnelles, ce qui a permis à l’intelligence artificielle médicale de se développer rapidement. Et la tendance devrait se confirmer dans les années à venir: avec l’allongement de l’espérance de vie, les maladies chroniques telles que le diabète sont de plus en plus courantes et la demande de soins devrait logiquement s’intensifier.

Mais dans un pays qui exerce la surveillance de masse, la collecte des données médicales par les acteurs de l’e-santé soulève des inquiétudes légitimes.

À WeDoctor, on se veut toutefois rassurant: «Le gouvernement n’a pas accès aux données personnalisées des patients, seulement à leur numéro de téléphone, leur adresse et les détails de leurs maladies.»

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