Malgré la pandémie de Covid-19, la Chine et les États-Unis poursuivent sans répit leur guerre commerciale. Ces derniers viennent de bloquer l'accès du champion chinois Huawei à un rouage important de sa production.
La majorité des semi-conducteurs, puces électroniques indispensables à la fabrication des smartphones, sont confectionnés par Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC). L'entreprise règne sur l'industrie avec une part de marché de plus de 50%. Elle fournit Huawei, mais aussi les américains Apple, Nvidia ou Qualcomm.
Le département du Commerce américain a estimé dans un communiqué que même si les puces utilisées par l'entreprise sont fabriquées à Taïwan, leur conception, leur design et la technologie qui rend possible leur production sont américaines. Et donc que cette utilisation contrevient à ses exigences.
L'an dernier, le gouvernement s'était en effet attaqué à Huawei en interdisant aux sociétés américaines de commercer avec l'entreprise sans son autorisation directe. La raison justifiant une mesure si drastique est que Huawei serait un cheval de Troie des services de renseignement chinois –ce que l'entreprise dément.
TSMC s'est donc engagée à ne plus produire pour le géant chinois. Mais ce n'est pas tout: elle a aussi annoncé qu'elle allait construire en Arizona une usine de semi-conducteurs. Cet effort de 12 milliards de dollars [11 milliards d'euros] sera appuyé financièrement par l'État local et le gouvernement fédéral.
Le maillon faible de la chaîne de production chinoise
C'est un coup dur pour Huawei, qui se retrouve ainsi privé d'un fournisseur clé. Car la Chine est pour l'instant incapable de fabriquer à grande échelle des puces suffisamment performantes pour des smartphones modernes qu'elle produit pourtant en masse.
Le pays avait néanmoins anticipé ce coup: étant le plus gros importateur de puces électroniques du monde, il tente depuis des années d'être autosuffisant dans sa production.
En octobre 2019, Pékin a annoncé un investissement de 204,2 milliards de yuans [plus de 26 milliards d'euros] destiné à rattraper son retard technologique dans le domaine par rapport aux États-Unis. Il s'ajoutait à un autre investissement de 139 milliards de yuans [18 milliards d'euros], effectué en 2014.
Cela dit, malgré ces apports, le pays ne semble pas encore être à la hauteur et accuserait un retard de plusieurs années sur ses concurrents américains et taïwanais.
Heureusement pour lui, ce n'est pas son unique moyen de pression. Car si Apple pourra désormais produire ses puces localement, l'entreprise demeure largement dépendante de la Chine, qui sera probablement tentée de rendre la pareille à son adversaire.