C'est une drôle d'histoire que raconte la BBC: risquant de mettre le feu aux poudres régionales, la marine chinoise a pénétré dans une zone maritime contestée pour aller chiper, dans les mains de son équivalente philippine, un bout d'objet tombé du ciel.
Les forces maritimes de Manille avaient, semble-t-il, réussi à mettre la main sur un objet aux secrets suffisamment sensibles pour que Pékin autorise une manœuvre si osée. Il est probablement question des débris d'une fusée Longue Marche-5b, récemment retombée sur Terre sans réussir une complète combustion lors de son entrée dans l'atmosphère.
Selon le vice-amiral philippin Alberto Carlos, le bout de bidule disputé a d'abord été repéré dimanche 20 novembre au petit matin, au large de l'île Thitu, dont les eaux sont supposées être sous contrôle de Manille. De nature métallique mais flottant à la surface de l'océan, il a pu être récupéré par l'un de ses navires.
Mais d'autres, chinois ceux-ci, guettaient et ne comptaient pas laisser la marine philippine faire son affaire. Selon ce même Alberto Carlos, un bateau de la marine de l'Armée populaire de libération a donc coupé par deux fois la trajectoire de son rival philippin, afin de gêner sa progression, avant de sectionner le filin avec lequel le mystérieux objet était remorqué, et de s'en «emparer par la force».
Pacifique, vraiment?
Parce qu'«il n'était pas question de vie ou de mort», explique un porte-parole, le navire philippin a laissé faire et il a été décidé de ne pas user de la force pour reprendre la chose des mains des marins chinois.
C'est heureux: l'incident intervient au moment même ou la vice-présidente américaine, Kamala Harris, en visite dans les îles des Philippines, a critiqué l'attitude dominatrice de Pékin dans la vaste région de la mer de Chine méridionale.
«Les communautés comme celle-ci voient les conséquences quand des navires étrangers pénètrent les eaux philippines et vident illégalement le stock de poissons, quand ils harcèlent et intimident des pêcheurs locaux, quand ils polluent l'océan et détruisent l'écosystème», a déclaré Kamala Harris, sans citer nommément la Chine, lors d'un discours prononcé mardi 22 novembre sur l'île de Palawan, l'une des îles Spratleys, où se concentrent les tensions depuis des années.