Par pitié, que cette tête soit gardée froide. | STR / AFP
Par pitié, que cette tête soit gardée froide. | STR / AFP

Nancy Pelosi à Taïwan: entre les États-Unis et la Chine, tout semble prêt pour une bavure militaire

Porte-avions et projectiles réels, les tensions sont extrêmes dans le Pacifique.

Si vous trouvez l'été caniculaire en France, sachez qu'il est plus chaud encore dans le Pacifique. Depuis quelques jours, États-Unis et Chine bandent leurs muscles et fourbissent leurs armes en vue de la très probable visite de Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, à Taïwan, île que Pékin considère comme sienne et qu'il destine à faire revenir à terme dans son giron.

Encore non officiellement confirmée, s'insérant dans une tournée asiatique passant par le Japon, Singapour, la Corée du Sud ou encore la Malaisie, la venue à Taipei de la responsable politique et troisième personnage le plus important de l'État américain est à la fois hautement symbolique et explosive.

Les États-Unis pratiquent vis-à-vis de Taïwan une politique dite «d'ambiguïté stratégique», entre non-reconnaissance officielle et promesse d'aide militaire dans le cas d'une invasion chinoise de plus en plus probable, que l'irruption de Pelosi met à mal.

La femme politique américaine n'a que peu de tendresse pour le Parti communiste chinois: des images vieilles de 1991, la montrant en train de dérouler sur la place Tian'anmen une banderole en hommage à celles et ceux qui y étaient tombés pour la démocratie deux ans auparavant, ont refait surface sur les réseaux sociaux.

Le régime de Pékin le lui rend bien. Xi Jinping lui-même a prévenu Joe Biden lors d'un récent entretien téléphonique: «Ceux qui jouent avec le feu risquent de se brûler à mort», aurait dit le président chinois à son homologue américain.

La grande traversée

Et du feu, il pourrait y en avoir. Porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhao Lijian a déclaré lors d'une conférence de presse que la Chine «se tenait prête» et que l'Armée populaire de libération «ne resterait pas les bras croisés» en cas de visite à Taïwan de Nancy Pelosi, sans préciser plus avant la nature de menaces pourtant très claires.

«La Chine est résolue à répondre et à prendre des mesures fortes pour défendre sa souveraineté et son intégrité territoriale, a indiqué l'officiel. Quant à quel type de mesures, si elle ose y aller, attendons et voyons.»

Et montrons que nous sommes prêts, aurait-il pu ajouter: le pays a annoncé samedi 30 juillet procéder à des exercices militaires «à projectiles réels» au large de sa côte face à Taïwan, d'autres manœuvres du même type pouvant avoir lieu au moment même où Nancy Pelosi visitera l'île.

Du côté américain, l'armée se met aussi en branle pour parer à toute éventualité. Selon le site USNI et le média Nikkei Asia, l'US Navy est en train de rapprocher de la zone brûlante le porte-avions USS Ronald Reagan ainsi que sa large escorte. Deux navires d'assaut, le USS Tripoli et le USS America, tous deux opérant des F-35B dont l'inspection des sièges éjectables a été terminée, sont effectivement à portée d'action, au cas où.

Ainsi que l'explique The War Zone, l'inquiétude est vive depuis quelques semaines dans les hautes sphères militaires américaines face à la possibilité de troubles lors de la traversée par Pelosi et sa délégation du détroit de Taïwan. Des intimidations armées pourraient avoir lieu: la Chine est coutumière de ces menaces plus que borderline, comme l'a prouvé l'angoissante et récente mésaventure d'un P-8A Poseidon australien.

Après avoir essayé de dissuader la speaker d'effectuer sa visite, les mêmes autorités semblent désormais décidées à soutenir ce voyage sous haute tension, et créer une certaine bulle protectrice autour de la délégation.

«En tant que nation, nous ne devrions pas être intimidés par cette rhétorique ou ces actions potentielles. C'est un voyage important pour la speaker, et nous allons faire tout ce que nous pouvons pour la soutenir», a ainsi fait savoir John Kirby, porte-parole du conseil de sécurité nationale lors d'une interview donnée à CNN.

En parallèle, il listait les actions possibles de la Chine pour perturber la visite de Pelosi à Taipei: des tirs de missiles dans le détroit de Taïwan ou des viols massifs de l'espace aérien de l'île (un classique pour Pékin) sont notamment envisagés.

«L'inquiétude évidente est que tout ceci a créé quelque chose ressemblant fort à une “perfect storm”, dans lequel le gouvernement chinois se sentira obligé d'agir d'une manière agressive en réponse à toute tentative de Pelosi de voyager à Taïwan», écrit très justement Joseph Trevithick pour The War Zone.

La traversée de la présidente de la Chambre des représentants des États-Unis pourrait se faire dans un C-40, une version militarisée du Boeing 737 dotée de communications chiffrées et, surtout, de contre-mesures utilisables contre toute menace armée.

Le recours à un aéronef utilisé plus régulièrement dans des missions de transport de routine, tel le C-17 Globemaster ou le petit C-146 Wolfhound, pourrait être pris pour une victoire symbolique par la Chine, qui apparaîtrait comme dictant ses conditions grâce à des menaces efficaces. La question d'une possible escorte par un chasseur américain ou taïwanais peut aussi se poser.

Dans tous les cas, il faudra que chacun ait les nerfs particulièrement solides et le sang d'un froid polaire pour que, dans ce contexte de tension extrême, une quelconque intimidation ou manœuvre défensive un peu trop marquée ne provoque une escalade vers un conflit beaucoup plus important.

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